Il n’a jamais couru les boîtes de nuit. Mais Nicolas Blanchard, 41 ans, ne chérit pas moins l’aura mielleuse des heures obscures, après le coucher du soleil, quand les bars s’animent et les lumières se tamisent. Le Toulousain, féru d’afro-soul, a fondé avec sa compagne Morgane Peyrot, 38 ans, ses propres adresses à cocktails : l’Heure du singe, dans le quartier Saint-Aubin, en 2016 et Tempête, aussi restaurant et proche du marché des Carmes, cinq ans plus tard. «En 2010, je suis parti vivre à Manchester un peu au hasard et j’ai été embauché comme plongeur dans un bar à cocktails. J’ai découvert cette culture assez anglo-saxonne avec une façon de faire et d’accueillir que je ne connaissais pas et j’ai chopé la fièvre du truc», narre celui qui était auparavant menuisier. De retour en France, après deux ans en Angleterre, Nicolas Blanchard rejoint la capitale pour perfectionner sa maîtrise de la mixologie.
Ce sera à la Conserverie, établissement branché du IIe arrondissement aujourd’hui fermé, où, en plus des compets, le barman barbu rencontre sa future femme, alors directrice du bar et tombée dans l’univers du cocktail en Australie. «On s’est dit qu’on avait envie de continuer ensemble, mais pas à Paris. Or à Toulouse, cette culture n’existait pas, mais il y avait une demande. On est arrivé, entre-temps le Fat cat [près du Capitole, ndlr] avait ouvert, on a tâtonné mais ça a plu.» Depuis, le couple a aussi monté sa boîte d’événementiel, Macaques, et propose ses services pour élaborer les cartes à cocktails des confrères du coin qui le sollicitent. Sans renoncer à une petite virée dans un bar à bière ou de la place de la Trinité.
Ta définition de la nuit
«La nuit, c’est une atmosphère, mais pas un style de vie. Elle peut être plaisante quand tout est bienveillant et c’est un moment propice à la découverte des gens comme des bons produits. Des choses qu’on ne fait pas le jour. Même si je suis très curieux du palais par exemple, je ne me fais jamais de cocktail à 14 heures.»
Ta première virée
«Je devais avoir 18 ans. Toulouse me paraissait immense, on errait avec des potes un soir de beaujolais nouveau, vachement noble la soirée. On écumait le plus de bars possibles comme un challenge. On a mal fini évidemment, comme tous les mecs sérieux qui vont à l’école. Mais on faisait gaffe l’un à l’autre. C’était une vraie virée. Contrairement à mes potes étudiants, je travaillais et j’avais un pouvoir d’achat qui faisait que je pouvais repérer les trucs qui me plaisaient.»
Ton carburant
«Le café, à gogo ! J’adore le bon café, si on me cherche c’est d’ailleurs plutôt dans un coffee shop que dans un bar qu’on va me trouver. J’en bois beaucoup avant de bosser le soir. Mais je travaille à ralentir cette addiction.»
Ton objet
«Mon gros vélo jaune de la Poste avec ses deux paniers devant et derrière. Pédaler la nuit dans le vent frais, c’est cinématographique. La ville défile comme dans un taxi. Mais à vélo c’est mieux et bien moins cher.»
Ton prochain week-end
«Comme tous les vendredis, je passe d’abord des disques à l’Heure du singe, puis on ira manger un bon morceau avec les copains dans le quartier au Rocher de la vierge. En général, le samedi on passe le début de soirée au bar, puis à Tempête, pour bosser et on rentre chez nous vers 22 ou 23 heures. Et c’est à la maison qu’avec Morgane on se fait un bon petit cocktail à faible teneur en alcool. On fait pas mal d’expérimentations avec du saké, du xérès ou du vin jaune. L’ajout d’alcool est gustatif plutôt que la valeur principale.»