Anisha a épousé un marin il y a huit ans. Navigant au large pendant de longs mois, il lui avait alors promis qu’il trouverait rapidement un autre travail, car tous deux redoutaient de voir ces absences mettre en péril leur mariage. Deux ans plus tard, et après la naissance d’un enfant, son mari a continué à travailler en mer. Pis, la distance entre eux s’est accrue.
Ses absences ont été de plus en plus longues, il la laissait souvent sans nouvelles. Anisha s’est retrouvée frustrée et en manque d’affection. La pandémie et les différents confinements n’ont pas arrangé les choses – les époux ne se sont pas vus ni parlé pendant plus d’un an. Et quand ils ont fini par se retrouver, ils n’ont pas arrêté pas de se disputer. Leur relation est passée au stade de l’indifférence mutuelle.
C’est à cette époque que, dans le cadre de son travail de créatrice de contenu en ligne, Anisha a dû se renseigner sur une application nommée Gleeden, qui se décrit comme “un site de rencontres en toute confidentialité” – c’est-à-dire de rencontres extraconjugales. Ce qui a commencé comme un travail de recherche a alors pris un sens plus large.
L’infidélité se banalise
“Je suis entrée en contact avec quelques hommes pour échanger, raconte Anisha. Et j’ai fini par rencontrer quelqu’un qui, peu à peu, est devenu un très bon ami, un soutien affectif et une personne que l’on peut appeler à tout moment.” Leur relation dure depuis maintenant plus de deux ans. Elle la trouve très épanouissante :
“Il est la seule personne avec qui je me sens aussi bien. C’est un peu mon âme sœur. Nous avons une relation très adulte, et il comble tous mes besoins.”
Comme Anisha, de plus en plus d’Indiennes et d’Indiens cherchent des relations extraconjugales sur des applis de rencontre. Encore récemment, ils utilisaient des applis classiques comme Tinder.
Mais l’appli Gleeden, créée en France et “pensée par des femmes pour des femmes”, a connu un succès fulgurant en Inde. Alors qu’elle comptait 120 000 abonnés au moment de son lancement en Inde, en 2017, l’appli se targue d’en avoir actuellement 2 millions, ce qui représente 20 % de leurs abonnés dans le monde. Selon Gleeden, plus d’un tiers sont des femmes.
L’Inde n’a jamais été aussi ouverte à l’adultère – ou, du moins, elle ne s’en cache plus. Dans la culture indienne, l’infidélité est en train de se banaliser grâce aux nouvelles technologies, aux réseaux sociaux et à un changement des mentalités. Quand la Cour suprême a dépénalisé l’adultère, en 2018, le tabou de l’infidélité a commencé à reculer.
“Un éveil sexuel chez les jeunes générations”
Dans un sondage réalisé peu après le début de la pandémie, 55 % des Indiens mariés – dont 56 % étaient des Indiennes – confessaient avoir des relations extraconjugales. En août, la Cour suprême a publié un livret sur les stéréotypes de genre qui recommandait d’éviter, dans les actions en justice, des termes comme “maîtresse”, “prostituée”, “liaison” ou “fille facile”.
Pour la psy