Après sept semaines d’audience, le «roi de la belle» Rédoine Faïd, braqueur jugé depuis début septembre devant la cour d’assises de Paris avec cinq de ses proches pour sa spectaculaire évasion par hélicoptère de la prison de Réau (Seine-et-Marne) en 2018, a été condamné à 14 ans de réclusion criminelle. Son frère Rachid Faïd a été reconnu coupable de l’avoir aidé à s’évader en prenant en otage un pilote d’hélicoptère, qui s’était posé devant la prison le 1er juillet 2018. Il a été condamné à 10 ans de prison.
Rédoine Faïd, qui avait choisi de garder le silence pendant l’instruction pour protester contre ses conditions d’incarcération, a en revanche multiplié les sorties durant l’audience. «J’ai pris mes baskets, on sait jamais», a notamment glissé celui qui comparaissait pour sa deuxième évasion. Il a raconté l’organisation minutieuse d’un plan construit autour d’une «faille irrationnelle» : l’absence, à l’époque de son évasion, de filins antiaériens à côté des parloirs de la prison de Réau (Seine-et-Marne).
Le 1er juillet 2018 dans la matinée, un hélicoptère manœuvré par un pilote pris en otage s’était posé devant ces parloirs, où se trouvait Faïd avec l’un de ses frères. Malgré un mur d’enceinte de 6 mètres de haut, quatre miradors, un système de sécurité high-tech, des grilles électriques, des interphones et de la vidéosurveillance dans tous les coins. En 7 minutes 33″ chrono, le commando avait balancé des fumigènes, forcé les portes à la disqueuse et extrait le braqueur.
95 jours de cavale
L’Alouette s’était envolée sous les cris des détenus. Faïd avait évoqué le «rayon de soleil» arrivé «en plein visage», la «sensation de liberté, le huis clos qui s’ouvre à l’infini». Quelque 2 900 policiers et gendarmes avaient été mobilisés pour retrouver le fuyard. Et le 3 octobre 2018, à 4 heures du matin, la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) et le Raid avaient in fine interpellé Faïd et un neveu dans un appartement dans l’Oise après 95 jours de cavale.
Rédoine Faïd est un «escroc» qui fait preuve d’«humour» à l’audience et se vante de «principes nobles» (pas de sang sur les mains, pas d’affaires de drogues), mais dont les «actions violentes» ne servent en réalité «toujours» qu’une seule personne : «lui-même», avait dénoncé l’accusation. Les avocats généraux ont rappelé le «traumatisme» dont avait témoigné à l’audience le pilote pris en otage, une arme pointée sur la nuque pendant toute l’opération. L’homme purgeait alors de lourdes condamnations, notamment pour l’attaque à l’explosif d’un fourgon blindé en 2011 et pour sa précédente évasion (à l’explosif et en prenant des surveillants en otages) d’une prison du Nord en 2013. Sa sortie était fixée à 2046.
Mystérieux «Monsieur X»
Rédoine Faïd a soutenu que l’évasion avait été organisée en grande partie par des «professionnels» et non ses proches. Sous la houlette du braqueur, les accusés ont ainsi désigné un mystérieux «Monsieur X» comme le coordinateur de l’opération. Une histoire «inventée» pour «dédouaner» sa famille, ont rétorqué les avocats généraux, qui estiment que le «cœur du dossier», c’est le «sacrifice familial».
Ce procès a également été marqué par une autre histoire dans l’histoire. Alors que l’identité d’un accusé était protégée, un cafouillage technique a entraîné son apparition sur les écrans de la salle d’audience. Le public a ainsi pu voir, par erreur, cet homme jusque-là caché par un paravent. Ses confidences sur procès-verbaux avaient en effet valu à Jacques Mariani, parrain de la Brise de Mer, de se retrouver dans le box pour répondre d’un projet d’évasion du braqueur antérieur à celui de Réau.