Pourquoi impliquer les citoyens, les associations, les entreprises et les collectivités territoriales dans la construction des politiques publiques d’aujourd’hui et de demain ? Précisément parce que l’on a besoin des plus fines réalités humaines et territoriales pour expérimenter des solutions qui permettront de réelles et durables transformations.
L’expérimentation locale est une création commune susceptible d’orienter un agir politique collectif par lequel s’incarne cette «résilience qui vient d’en bas». Loin d’être incantatoire, elle prend forme et sens chaque jour dans nos territoires : la Sécurité sociale de l’alimentation en Gironde ; la gratuité des transports à Montpellier ; l’ouverture d’un revenu garanti aux jeunes de moins de 25 ans à Lyon et en Loire-Atlantique ; les monnaies locales comme l’Eusko au Pays basque ; la tarification éco-solidaire de l’eau à Dunkerque ; l’initiative Territoire zéro carbone à La Rochelle ; Imagine la Nièvre, une démarche de concertation citoyenne ; le travail autour de la mixité sociale au collège en Haute-Garonne ; l’expérimentation de Territoire zéro non-recours en Meurthe-et-Moselle ou encore les tiers lieux autonomie dans les quartiers en Seine-Saint-Denis.
Nous pourrions aussi citer les milliers d’entreprises de l’économie sociale et solidaire qui emploient 2,4 millions de Français. Ou les 58 territoires engagés dans la démarche Territoire zéro chômeur de longue durée qui a permis, en 2023, à 2 335 personnes d’être embauchées dans des entreprises à but d’emploi sur des territoires expérimentaux.
Ces exemples sont autant de preuves que la France qui essaie est une France du faire ensemble pour réussir les transitions sociales, écologiques et économiques. Les résultats sont là, tangibles dans les gestes, les mots et les formes d’habiter au quotidien.
Nous, collectivités territoriales et citoyens, plaidons pour l’instauration d’un véritable droit à l’expérimentation locale : oser se tromper, mais surtout oser réussir. Son exercice doit être garanti par un cadre réglementaire et un apport financier dédié de l’Etat qui peut prendre la forme de subventions supplémentaires par projet, ou la création d’une dotation spécifiquement dédiée à l’innovation locale expérimentale.
C’est par ce passage à l’échelle de l’expérimentation de terrain que les initiatives ancrées dans leur territoire pourront irriguer et compléter l’action de l’Etat, et enfin traiter de front l’urgence écologique, la précarité et toutes les inquiétudes du lendemain.
Ainsi, nous pourrons généraliser et faire réussir ensemble les solutions solidaires qui émanent des territoires vécus et vivants. Nous sommes la France qui ose, qui tente, qui essaie, et nous continuerons à essayer ensemble. Désormais, nous attendons simplement de l’Etat qu’il nous laisse réussir, qu’il nous aide à réussir !
Les présidentes et les présidents des conseils départementaux : Jean-Luc Gleyze de la Gironde, Chaynesse Khirouni de la Meurthe-et-Moselle, Sophie Borderie du Lot-et-Garonne, Xavier Fortinon des Landes, Françoise Laurent-Perrigot du Gard, Michel Ménard de la Loire-Atlantique, Fabien Bazin de la Nièvre, Philippe Dupouy du Gers, Sébastien Vincini de la Haute-Garonne, Jean-Luc Chenut d’Ille-et-Vilaine, Kléber Mesquida de l’Hérault, Germinal Peiro de la Dordogne, Jean-Claude Leblois de Haute-Vienne, Hermeline Malherbe des Pyrénées-Orientales, Christophe Ramond du Tarn, Hélène Sandragné de l’Aude et Stéphane Troussel de la Seine-Saint-Denis.