A la cour d’assises à Paris,
Il aura fallu près de 60 heures à la cour d’assises de Paris pour rendre son verdict. Dans la nuit de mercredi à jeudi, peu après minuit, Rédoine Faïd a été condamné à quatorze années de réclusion criminelle pour s’être évadé, en 2018, en hélicoptère de la prison du Réau, en Seine-et-Marne. Le célèbre braqueur est resté quasiment impassible en entendant la présidente lire d’une voix monocorde le délibéré devant une salle comble. Il faut dire qu’avant même cette condamnation, l’homme de 51 ans ne pouvait espérer sortir avant 2046. La confusion de peine n’existant pas pour les peines d’évasion, s’il ne fait pas appel – cette décision est encore à l’étude – cette nouvelle ligne à son casier judiciaire l’amène désormais à 2060. Il aura alors 88 ans.
Les avocats généraux avaient requis 22 ans de réclusion criminelle à son encontre. « Quatorze ans, quand on sait les conditions de détention qui sont les siennes, ce n’est pas rien. Ce n’est pas parce qu’on gagne huit ans qu’on peut se satisfaire », a insisté l’une de ses avocates, Me Marie Violleau, rappelant qu’il était détenu à l’isolement total depuis une dizaine d’années. La cour l’a acquitté du chef de « détournement d’aéronef », l’un des crimes qui le faisaient encourir le plus. La décision est purement juridique : pour qu’il soit retenu, il faut qu’il y ait au moins passager. Or, dans l’hélicoptère, seul le pilote a été pris en otage. Selon son avocate, en entendant le verdict, le célèbre braqueur a surtout ressenti « de la satisfaction pour ses proches », les peines étant globalement inférieures à celles requises.
10 ans de réclusion criminelle contre son frère Rachid, l’homme à la « meuleuse »
Sur les trois membres du commando, seul son frère aîné Rachid, 65 ans, a reconnu y avoir participé : il est celui qui a découpé les serrures de la prison à la meuleuse. Une décision dictée par les « liens du sang », refusant de voir son frère « enterré vivant », entre quatre murs. « C’est la seule tricherie » d’une vie, a insisté cet homme aux traits marqués qui a « toujours travaillé ». Contre lui, les avocats généraux avaient requis dix-huit ans de réclusion. La cour l’a finalement condamné à dix ans de réclusion. Collées l’une contre l’autre, sa femme et sa fille esquissent un léger sourire de satisfaction : il a déjà effectué la moitié de cette peine en détention provisoire.
Même soupir de soulagement parmi les proches des neveux de Rédoine Faïd, les frères Ishaac et Haroune Harizi. Malgré leurs constantes dénégations, ils ont été reconnus coupable d’avoir aidé leur oncle à s’évader mais ont été condamnés à 8 et 6 ans de réclusion quand le ministère public en demandait 15 et 10 ans. En entendant ces peines, Rédoine Faïd ne retient pas à un large sourire. Lui qui a régulièrement demandé pardon à ses proches de les avoir « embarqués » dans une telle affaire, avait dès le premier jour juré qu’il souhaitait « assumer de A à Z ».
Brahim Faïd condamné
La surprise est venue de Brahim Faïd, un autre frère de Rédoine Faïd. Ce père de cinq enfants au casier vierge, a été condamné à un an de prison avec sursis alors que les avocats généraux avaient requis l’acquittement. C’est lui qui se trouvait au parloir avec le braqueur lorsque le commando a fait irruption. Complètement abasourdi par la situation, affirmant qu’il avait été utilisé, il a toujours avoir été courant du projet d’évasion. Si les avocats généraux avaient semblé souscrire à son histoire, la cour, elle, a estimé qu’il ne pouvait ignorer le projet. En revanche, elle a suivi la demande d’acquittement de la logeuse, estimant qu’elle avait été « contrainte moralement ».