Elles rament pour combattre le cancer du sein

Depuis qu’elle pratique l’aviron, Florence Frugier, 60 ans, infirmière de Linars en retraite, a retrouvé de la souplesse dans les épaules, après ses cancers du sein opérés en 2018 et 2021. Cela a même évité les séances de kiné à Christelle Barault, 53 ans...

Depuis qu’elle pratique l’aviron, Florence Frugier, 60 ans, infirmière de Linars en retraite, a retrouvé de la souplesse dans les épaules, après ses cancers du sein opérés en 2018 et 2021. Cela a même évité les séances de kiné à Christelle Barault, 53 ans, suite à son opération du sein il y a deux ans. Tous les mercredis matin, toutes les deux assistent à une séance d’aviron gratuitement. La Ligue contre le cancer prend en charge leurs séances. Le mois d’octobre, consacré à la sensibilisation au dépistage du cancer du sein et la récolte des fonds pour la recherche, est l’occasion de revenir sur cette activité bénéfique et largement popularisée par la sortie du film « Le souffle du dragon », diffusé sur M6 l’an dernier.

Le téléfilm reprend l’histoire vraie d’un groupe de femmes qui se retrouve, à Reims, toutes les semaines à bord d’un kayak à tête de dragon, le Dragon Boat. Sur les conseils de leur oncologue, elles vont ramer pour empêcher la récidive de leur cancer du sein, se reconstruire physiquement et moralement et exorciser cette peur qui vit en elles. C’est la même chose avec l’aviron, à Angoulême.

On ouvre la cage thoracique. C’est aussi recommandé contre le cancer du poumon.

« L’aviron est parfait pour ce genre de pathologie », confirme le vice-président de la Ligue contre le cancer Michel Harmand. « Cela fait fonctionner tous les muscles en douceur, ça redonne du tonus et favorise les contacts avec les autres.” «On se rend compte qu’on n’est pas seule. Les autres filles éprouvent la même fatigue », témoigne Florence Frugier. « En un an, les tissus ont bien cicatrisé », a noté Christelle Barault.

Travailler 85 % des muscles

“En un mois, on voit déjà la différence, assure Sacha Sikorsky, responsable sportif du club d’aviron d’Angoulême. Les gens se relèvent plus facilement du bateau. La récupération musculaire va très vite.” Le sport est connu pour stimuler le drainage naturel du haut du corps, mais pas seulement. ”On fait travailler 85% des muscles, et l’endurance et le cardio. On ouvre la cage thoracique. C’est aussi recommandé aux malades du cancer du poumon. Et comme on est beaucoup au sol, il n’y a pas de choc.”

Les consignes du coach sont un peu différentes de celles données dans un cours de sport loisirs. “On n’est pas dans la performance. On ne veut pas créer de douleur, précise Sacha Sikorsky. On apporte une approche plus douce. Les gens sont là pour prendre du plaisir.” Et aussi pour faire reculer de 40% les risques de rechute, grâce au sport.

En un mois, on voit déjà la différence.

« L’aviron est une activité qui fait rêver », dit encore Michel Harmand. En semaine, les cours ont lieu en salle dans le club d’aviron sur l’île de Bourgine, mais le samedi matin, ceux qui le souhaitent prennent le large sur la Charente. Et même si Angoulême ne possède pas encore son équipe de dragon boat, deux femmes opérées d’un cancer du sein vont participer en janvier prochain à une compétition nationale d’aviron à Paris.

Une quinzaine d’activités adaptées

En plus de l’aviron à Angoulême, et bientôt à Cognac, la Ligue contre le cancer propose déjà de l’escrime, du tennis de table, de la gym douce, de l’aquagym, du yoga du rire… Egalement des séances de sophrologie, d’hypnose, de diététique, de soins esthétiques... Et bientôt des séances de kayak et tir à l’arc.
Les séances sont gratuites pour les malades du cancer, mais il qui coûte près de 20 000€ par an à la Ligue, pour la participation à l’achat de matériel et le défraiement des prestataires. 287 personnes en bénéficient chaque année.
Octobre rose est aussi l’occasion pour la Ligue de faire parler d’elle et de recruter des bénévoles. « Pour l’instant, nous sommes une trentaine, évalue Michel Harmand, vice-président de la Ligue. On voudrait ouvrir des groupes à Ruffec, en Charente limousine, et dans le sud Charente… »