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Aux Etats-Unis, le sacre de l’inconnu Mike Johnson au poste de speaker arrache le Congrès à sa crise historique

On remballe enfin le chapiteau à Washington, et avec lui les champs lexicaux du «cirque», du «chaos» et de la «paralysie», sévèrement mis à l’épreuve depuis plus de trois semaines par la crise inédite d’un appareil législatif américain qui demeurait figé depuis. Enclenchée avec la déchéance de Kevin McCarthy de la présidence de la Chambre des représentants, celle-ci se sera finalement achevée mercredi 25 octobre par la consécration d’un quasi-inconnu du public, l’élu ultraconservateur de Louisiane Mike Johnson. Déniché par l’étroite majorité républicaine tout au fond du banc des remplaçants et au bout d’un processus qui aura éclairé aussi bien ses tiraillements idéologiques qu’un désintérêt patent de certains de ses membres pour la bonne marche des institutions, Johnson aura bénéficié au final de ce relatif déficit de notoriété et d’expérience (il n’est élu à la Chambre que depuis 2017, et s’apprête à la présider sans en avoir jamais chapeauté la moindre des commissions) pour s’élever au-dessus de la toile de rancœurs et disputes amères entre conservateurs plus ou moins radicaux ou modérés.

A droite, on veut le présenter comme une figure réconciliatrice, au profil iridescent sous son allure policée : les centristes se bercent du pragmatisme de certains de ses votes passés pour déjouer par exemple une crise de la dette souveraine, tandis que les plus extrémistes exultent, sachant bien son alignement idéologique absolu avec la mouvance Make America Great Again, dont il est l’un des hérauts, de l’opposition à l’avortement au climatoscepticisme, de l’hostilité à l’Etat social au négationnisme électoral. Sur ce dernier front, Johnson fut ainsi l’un des cerveaux de la tentative d’empêcher de certifier en 2020 la défaite de Donald Trump, qui s’est empressé après sa nomination de lui offrir son appui.

Agé de 51 ans, ce législateur le moins chevronné depuis des générations à accéder à la troisième plus haute fonction de l’Etat américain fut d’abord un avocat très pieux et proche d’organisations religieuses au nom desquelles il a notamment défendu le maintien de la prière à l’école. Sous sa gouverne, la chambre basse enfin remise en état de légiférer, et le Congrès américain avec, trouvera à son programme quantité de chantiers pressants, abandonnés depuis des semaines aux limbes, sur lesquels il faudra trouver un terrain de consensus avec les démocrates aux manettes du Sénat et de la Maison Blanche. En premier lieu le financement de l’Etat fédéral afin de déjouer l’échéance à trois semaines d’un shutdown, la relance du soutien à l’Ukraine (auquel le représentant Johnson a cessé d’accorder son vote dès mai 2022) et l’aide promise par Joe Biden aux moyens de défense d’Israël, en guerre contre le Hamas. Mais aucun des deux alliés des Etats-Unis ne figurait au programme de priorités sur un an présenté par Johnson mercredi juste avant de recevoir le vote unanime d’un groupe républicain tentant tant bien que mal d’apparaître capable, enfin, de serrer les rangs.