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«Une menace pour la démocratie»: en Israël, la population mobilisée contre la réforme de la justice

En Israël, déterminé à mener sa réforme de la Justice, Benyamin Netanyahu élimine tous les obstacles qui se dressent sur son chemin. Dimanche 26 mars, dans la soirée, il a limogé son ministre de la Défense. Et dans les rues, les opposants sont sortis en nombre pour dénoncer l'attitude et la politique du Premier ministre.

Avec notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifah

Le tort de Yoav Gallant, désormais ex-ministre de la Défense israélien ? Avoir souhaité suspendre cette réforme controversée, rejetée par une partie des Israéliens qui la considèrent comme une menace à la démocratie. À la suite de ce limogeage, des manifestations spontanées ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, principalement à Tel Aviv mais aussi à Jérusalem, dans la soirée et la nuit du 26 au 27 mars. Un rassemblement a notamment eu lieu devant la Knesset, le Parlement.

Collés les uns aux autres, Tom et ses amis, trempés de la tête aux pieds, ont bravé le froid. Quelques heures plus tôt, ils ont été arrosés par le canon à eau de la police devant la résidence de Benyamin Netanyahu, où ils sont venus crier leur colère contre la réforme de la justice.

« Un nouveau cap est franchi »

Après, au cœur de la nuit, ils ont convergé vers le Parlement. « Tel Aviv est peut-être l’épicentre du mouvement de contestation depuis des semaines, mais tout se joue à Jérusalem. C’est ici que siègent les députés », rappelle Michal, 28 ans. Avec ses amis, elle campe au pied des barrières installées par la police pour bloquer l’accès à la Knesset.« Rien ni personne ne nous fera quitter les lieux », dit la jeune femme, déterminée.

Tom, lui, est tiraillé par un cocktail de sentiments. La peur, l’espoir… Tout se mélange. « Les changements souhaités par le gouvernement sont drastiques. Ils risquent de changer le visage du pays. À moins de protester, de se mobiliser, de faire du bruit, de se parler, cette réforme sera très certainement adoptée. Nous sommes donc le dernier rempart face à la dictature », raconte-t-il.

« Menace pour la démocratie »

« Cette réforme affaiblit la justice et renforce le pouvoir politique. C'est une menace pour la démocratie et l’État de droit, mais aussi les minorités », explique Matanael. « Nous voulons que ce gouvernement sache qu’on ne le laissera pas agir selon son bon vouloir. On ne le laissera pas faire du mal aux gens parce qu’ils sont de tel sexe ou de tel genre, parce qu’ils sont Arabes ou parce qu’ils sont Palestiniens, ou encore parce qu’ils sont homosexuels. Ainsi, on s’installe ici cette nuit, et on ne quittera plus les lieux jusqu’au retrait de cette réforme », ajoute-t-il.

Le mouvement de contestation entre dans sa douzième semaine. Et cette nuit, Matanael l’assure : « Un nouveau cap est franchi. » Le bras de fer durera le temps qu’il faudra. De son côté, le chef de la centrale syndicale israélienne Histadrout a annoncé lundi « une grève générale » immédiate lors d'une conférence de presse, exigeant un arrêt de la réforme judiciaire voulue par le gouvernement et qui divise profondément le pays. « L'État d'Israël s'arrête », a déclaré Arnon Bar David, à la tête du plus gros syndicat de travailleurs israéliens.

Que contient cette réforme de la justice ?


Avec ce projet de loi, le gouvernement souhaite revoir les pouvoirs de la Cour suprême. Ainsi, il souhaite inclure une clause « dérogatoire » qui permettrait au Parlement, avec un vote à la majorité simple, d’annuler une décision de la Cour suprême.


La réforme propose aussi de retirer les avocats du panel qui est chargé de nommer les juges de la Cour suprême. Aujourd’hui, il est composé par un groupe de juges, de députés et d'avocats du barreau, sous supervision du ministre de la Justice.


Le gouvernement souhaite également empêcher les juges d'invoquer le caractère « raisonnable » de certaines décisions politiques. Une volonté motivée par la décision du 18 janvier de la Cour d’invalider la nomination d'Arié Dery comme ministre de l'Intérieur et de la Santé à cause d’une condamnation pour fraude fiscale. La Cour suprême avait jugé cette nomination non « raisonnable », poussant ainsi le Premier ministre à démettre le ministre de ses fonctions.


Et enfin, le gouvernement souhaite réduire l’influence des conseillers juridiques dans les ministères car leurs recommandations sont utilisées par les juges de la Cour suprême lorsqu'ils statuent sur la bonne conduite du gouvernement. Le ministre de la Justice souhaite donc qu’elles soient clairement considérées comme des avis non contraignants.