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Un an après l’invasion russe de l’Ukraine, la Moldavie reste fragile militairement

Alors que l'Ukraine entre dans sa deuxième année de guerre, la petite Moldavie pro-européenne craint d'être la prochaine cible de Moscou. Cette guerre a mis en évidence la vulnérabilité de l'État moldave.

De notre envoyée spéciale à Chisinau,

Depuis un an, les citoyens moldaves suivent de près les mouvements des forces russes sur le territoire ukrainien et ils sont inquiets. Avec 7 500 soldats professionnels et 2 000 conscrits enrôlés chaque année, disposant d’un équipement essentiellement post-soviétique, l'armée moldave n'a en effet pas la capacité de s'opposer à une éventuelle invasion russe, estime Valeriu Pasa, président du groupe de réflexion WatchDog. 

« L'armée moldave n'est pas puissante. C’est le moins que l’on puisse dire. Les Russes ne veulent pas que cela change. S'ils prennent le contrôle du Sud de l'Ukraine, ils pourront sans trop de pertes entrer en Moldavie. Poutine verrait cela comme un bonus. Pour la Russie, notre pays est une cible légitime, insiste Valeriu Pasa. Tout comme d'autres pays issus du giron soviétique, comme les pays de l'Asie centrale, les pays baltes ou ceux du Caucase. Poutine ne s'arrêtera pas, à moins que l'on ne l'arrête. C'est dans cette optique que la Russie s'oppose aux autorités moldaves qui font des efforts pour moderniser notre armée ».

La Transnistrie, talon d’Achille de la Moldavie

Il faut dire que, 30 ans après, le choc de la guerre en Transnistrie est toujours présent dans les esprits. En 1992, un conflit oppose les forces moldaves de la jeune République indépendante à la 14e armée russe qui y stationne. À l’issue de cette courte guerre, un accord est signé. Une autonomie est accordée à la Transnistrie qui l'a toujours refusé et continue à revendiquer un rattachement à la Russie. Autoproclamée en tant qu’État indépendant, la région n'est pas reconnue comme telle par la communauté internationale.

Toujours est-il que cette bande de terre située dans l'est du pays, à la frontière avec l'Ukraine, occupe de facto un sixième du territoire moldave. 1 500 soldats russes y sont déployés et d'importants stocks d'armes s’y trouvent, observe Arcadie Barbaroşie, directeur de l’Institut des politiques publiques basé à Chisinau : « Ces dépôts, héritage de l’ère post-soviétique, inquiètent le gouvernement moldave qui veut démilitariser cette zone, car son statut actuel contribue à notre vulnérabilité », reconnaît ce chercheur.

Une armée faible et sous-équipée, une zone frontalière qui ne rappelle que trop bien les entités séparatistes de Louhansk et de Donetsk en Ukraine… Cette guerre a mis en évidence la vulnérabilité de l'État moldave, observe Valeriu Pasa. « C'est clairement notre problème : il nous manque une culture de la sécurité, cette façon de penser ensemble notre défense nationale », estime l’expert. Il rappelle que si deux tiers des Moldaves penchent vers l'Europe, seulement 30% d'entre eux veulent rejoindre l'Otan.

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