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Ukraine: les ONG discrètes mais «sur le terrain» à Kherson après la destruction du barrage

Alors que la ville de Kherson est inondée après la destruction du barrage de Kakhovka, toute la région reste en proie aux combats, rendant les secours et évacuations plus difficiles. L’aide s’est rapidement mise en place dès mardi grâce aux ONG locales, mais mercredi 7 juin, le président ukrainien a dénoncé : « les Nations unies et les représentants de la Croix-Rouge ne sont pas là ». Pourtant, les organisations internationales sont bien présentes, quoique pas toujours visibles, comme l'explique le directeur Ukraine de Care, Fabrice Martin.

RFI : Quelle réponse apportez-vous suite à l’attaque du barrage ?

Fabrice Martin : Cette attaque est un des scénarios de crise qu'on avait anticipés, et on avait mis en place une équipe de réponse rapide, surtout dans l'optique de la contre-offensive. Mais la réalité dépasse toujours les scénarios les plus les plus affinés… Ce qu'on a fait dans un premier temps, et c'est la phase 1 de la réponse, c'est d'apporter ce qu'on appelle « réponse vitale », principalement pour les évacuations. Donc, les bateaux gonflables et les moteurs qui vont avec, notamment. Puis des équipements de sécurité pour évacuer les gens.

Ces évacuations prennent énormément de temps et il y a encore un nombre important de personnes qui sont sûrement en attente d'évacuation, mais qu'on ne peut pas atteindre. Pour l’instant, les priorités sont la nourriture et l’eau potable. Ensuite, il faudra voir comment poursuivre l’aide dans la période de décrue.

Les ONG internationales sont donc bien présentes sur le terrain ?

Oui. Care travaille pour 80 % de ses opérations à travers des organisations locales, mais a fait le choix d'être sur le terrain avec ces organisations - alors que d'autres organisations internationales ne peuvent pas le faire pour des raisons de sécurité. Malgré cela, toutes les ONG internationales appuient ces organisations locales en leur fournissant des ressources financières et logistiques pour leur permettre de travailler. Donc, ce n’est pas parce qu'on ne voit pas les ONG internationales sur le terrain qu’elles n'y sont pas !

Les organisations locales ont déjà une connaissance du terrain, des relations avec les autorités, avec les communautés locales et savent bien mieux que nous, évidemment, ce qu'il faut apporter et comment il faut l'apporter.

Concernant l’attaque du barrage, encore une fois, nous sommes dans la région depuis mardi 6 juin. Les choses se sont accélérées mercredi 7, on a envoyé une équipe de sécurité pour nous permettre d'avoir accès à la zone, et le jeudi 8, on avait une équipe de réponse rapide. Et nous sommes allés sur Kherson pour rencontrer notre partenaire local et évaluer les besoins.

Mais on a aujourd'hui le sentiment qu'effectivement, il y a une absence de coordination de la réponse d’une part - et c’est normalement le rôle des Nations unies d'être en coordination de ce type de crise - et d’autre part au niveau logistique : je ne vois pas encore d'activation d'une vraie chaîne d'approvisionnement des zones qui ont été sinistrées par ces inondations.

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La poursuite des combats dans la zone sinistrée, et notamment à Kherson, explique-t-elle en partie ce retard ?

Absolument. Depuis que les autorités ukrainiennes ont repris le contrôle de la ville, nous, à Care, nous avons réussi à y aller deux fois : une fois en décembre et une fois début mars. Ce n’est clairement pas une ville où nous pouvons rester de façon permanente. L'idée initialement était d'installer un sous-bureau à Kherson, dépendant du bureau d’Odessa. Mais ce n’est pas possible aujourd'hui.

Ces derniers jours, quand nous y sommes allés, c’est avec un lourd équipement et sur des créneaux horaires bien définis pour minimiser l'exposition au risque. On fait ce qu'on a à faire, il faut aller vite et sortir entre 15h et 16h, parce qu’après effectivement, statistiquement, on s'est rendu compte qu’il y avait une intensification des bombardements. Tout cela rend les interventions extrêmement compliquées.

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