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Turquie: après les séismes, la question des pillages et leur répression brutale

Reportage

Dans le sud de la Turquie, près de trois semaines après les violents séismes qui ont détruit une centaine de milliers de bâtiments et tué plus de 45 000 personnes, les vols dans les magasins et les immeubles détruits sont nombreux. Pour éviter ces dérives, le gouvernement a envoyé des centaines de soldats et de policiers sur place. Mais de nombreux cas de violences ont été rapportés.

Avec notre envoyée spéciale à İskenderun, Manon Chaplain

Dans le centre-ville d'İskenderun (Alexandrette), Mehmet a monté une tente à proximité de son immeuble fissuré. Depuis le séisme, il évite de s'en éloigner trop longtemps par crainte de se faire voler. « Nous avons vu beaucoup de personnes voler des objets dans les décombres, explique-t-il. Bien sûr, ils ont été arrêtés ensuite, mais ils faisaient cela à côté de nous, alors que nous étions en train de récupérer nos morts. »

Ezgi Önalan, avocate au barreau d'Istanbul, est arrivée suite au séisme pour suivre ces cas de pillages. Elle assure que la majorité des vols ont eu lieu durant les premiers jours, lorsque l'aide n'était pas arrivée : « Les habitants ont volé pour survivre. Ils nous ont tous dit : "Nous avons eu besoin de nous servir dans les magasins, car nous avions faim.»

Conséquence bien plus grave, selon l'avocate, les cas de torture perpétrés par la police sur les pilleurs présumés. En une semaine, elle a ouvert une dizaine de dossiers. « Il y en a certains qui ont enlevé les plaques d'immatriculation de leur voiture et se baladent comme ça dans la ville, confie Ezgi Önalan. Je travaille par exemple sur le cas Ahmed Guleçé et son frère Sabri Guleçé. Les policiers sont venus dans leur maison, ils les ont arrêtés en les accusant de vol. Ils les ont torturés. Ahmed Guleçé est ensuite mort au commissariat. »

La plupart des victimes de ces violences n'osent pas porter plainte par manque de confiance dans la justice turque. Zeynel Nihadioğlu dénonce cette impunité. Son frère, accusé de pillage, est mort fauché par une voiture de police, selon lui. « Depuis la mise en place de l'état d'urgence, plus aucune loi ne nous protège, dénonce-t-il. Les soldats et la police arrêtent ceux qu'ils veulent. Ils font des contrôles d'identité et sont violents. Ils traitent tout le monde comme des criminels alors que les gens ici sont surtout des victimes. »

Une semaine après le séisme, les autorités turques affirmaient qu'une centaine de pilleurs avaient été arrêtés.

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