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Moscou veut prolonger l’accord céréalier pour 60 jours seulement, Kiev critique les conditions

La Russie a proposé lundi 13 mars de prolonger l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, qui expire le 18 mars, mais pour 60 jours seulement et non 120 comme cela a été le cas jusqu'à présent. L’offre a été critiquée par Kiev, qui y voit une remise en question de l'entente initiale, mais ne l’a pas rejetée formellement.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine a déclaré, après des discussions à Genève avec des représentants de l'ONU, que Moscou « ne s'oppose pas à une nouvelle prolongation de l'« Initiative de la mer Noire » après l'expiration de son deuxième mandat le 18 mars, mais seulement pour 60 jours ».

« Notre position future sera déterminée par les progrès tangibles dans la normalisation de nos exportations agricoles, non pas en paroles, mais en actes. Cela comprend les paiements bancaires, la logistique du transport, les assurances, le "dégel" des activités financières et l'approvisionnement en ammoniac via l'oléoduc "Togliatti-Odessa" », a dit le responsable russe.

Kiev voudrait plus

Mais Kiev a critiqué cette nouvelle condition. « L'accord sur "l'Initiative céréalière de la mer Noire" implique au moins 120 jours de prolongation, la position de la Russie de le prolonger de seulement 60 jours contredit donc le document signé par la Turquie et l'ONU », a tweeté le ministre ukrainien des Infrastructures Oleksandre Koubrakov, précisant que Kiev attendait « la position officielle » des Nations unies et d'Ankara, en tant que « garants de l'initiative ».

#BlackSeaGrainInitiative agreement involves at least 120 d. of extension, therefore Russia’s position to extend the deal only for 60 d. contradicts the document signed by Turkey & the UN. We’re waiting for the official position of @UN & Turkey as the guarantors of the initiative pic.twitter.com/TPhpaHUdhg

— Oleksandr Kubrakov (@OlKubrakov) March 13, 2023

Au siège de l’ONU à New York, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a assuré que « les Nations unies restaient complètement impliquées dans l'Initiative céréalière de la mer Noire et pour s'efforcer de faciliter les exportations d'engrais et d'alimentation russes ».

► À lire aussi : Pour le ministre ukrainien de l'Agriculture, il faut prolonger «d'au moins un an» l'accord céréales

Peu après, l'ONU a indiqué dans un communiqué daté de Genève (Suisse) qu'elle « prend note » de la proposition russe et souligné que le chef de l'ONU « a confirmé que les Nations unies feraient tout leur possible pour préserver l'intégrité de l'Initiative céréalière [...] et assurer sa continuité ».

À Genève, vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Verchinine a souligné avoir eu des discussions « franches et approfondies » avec le patron des Affaires humanitaires de l'ONU Martin Griffiths et la secrétaire générale de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), Rebeca Grynspan.

Ces entretiens, a-t-il dit, ont permis de « confirmer une fois de plus que si les exportations commerciales de produits ukrainiens se font à un rythme soutenu et rapportent des bénéfices considérables à Kiev, les restrictions imposées aux exportateurs agricoles russes sont toujours en place ».

La Chine est le premier pays destinataire

Cet accord « de la mer Noire », signé en juillet 2022 pour 120 jours entre les Nations unies, l'Ukraine, la Russie et la Turquie, a eu pour conséquence d'atténuer la crise alimentaire mondiale provoquée par l'invasion de l'Ukraine le 24 février 2022. Il avait été reconduit en novembre pour quatre mois et a permis d'exporter plus de 24 millions de tonnes de céréales à partir des ports ukrainiens, selon l'ONU.

La Chine est la première destinataire des exportations dans le cadre de l'accord, suivie par l'Espagne et la Turquie, qui occupe la troisième place.

L'Ukraine avait demandé la semaine dernière des efforts internationaux pour maintenir ouvertes les voies maritimes en mer Noire utilisées pour le transport de ses céréales et le secrétaire d'État américain Antony Blinken avait réclamé lors du G20 début mars que Moscou reconduise l'accord.

Moscou se plaint d’autres sanctions sur les engrais, aux exemptions « inactives »

Mais la Russie n'est pas satisfaite d'un autre accord – lui bilatéral – signé aussi en juillet 2022 avec l'ONU sur les exportations d'engrais russes. Il court sur trois ans.

Moscou se plaint que ses exportations d'engrais, produit de première nécessité pour l'agriculture mondiale, soient de facto bloquées, bien qu'elles ne tombent pas sous le coup des sanctions imposées par les pays occidentaux depuis le début de la guerre.

« Les exemptions de sanctions pour les denrées alimentaires et les engrais annoncées par Washington, Bruxelles et Londres sont pour l'essentiel inactives », a réaffirmé lundi Sergueï Verchinine.

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