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Mali: le report du référendum est-il le prélude à un allongement de la Transition?

Le report du référendum constitutionnel est-il le prélude à un allongement de la Transition au Mali ? Le gouvernement de transition a officiellement annoncé, vendredi 10 mars, que le scrutin, prévu dimanche 19 mars, aurait lieu à une date ultérieure qui n'a pas encore été fixée. Et cela afin de régler certaines dispositions techniques liées, notamment, à l'installation de la toute nouvelle « Autorité indépendante de gestion des élections ».

Certains se disent rassurés par cette décision, d'autres s'inquiètent des conséquences de ce report sur la suite de la Transition et notamment sur son terme.

Première échéance du calendrier électoral convenu avec la Cédéao, première entorse. L'organisation ouest-africaine n'a d'ailleurs pas souhaité réagir à cette annonce et n'a pas donné suite aux sollicitations de RFI. Faut-il y voir le signe d'une gêne ou bien un signe de discussions en cours avec les autorités maliennes de Transition ?

Le référendum constitutionnel devait marquer le début d'une série de scrutins au terme desquels la présidentielle, annoncée pour février 2024, actera la fin de la période de transition. Le gouvernement malien n'a pas encore annoncé de nouvelle date pour le référendum, mais a clairement affirmé que l'échéance butoir, négociée avec la Cédéao pour le retour à l'ordre constitutionnel, restait une « priorité absolue », car « le chef de l'État tient fermement au respect de cette date ».

L'engagement est donc ferme, mais sera-t-il tenu ? Les soutiens des autorités de transition n'en doutent pas et jugent que ce report est une sage décision compte tenu des difficultés liées à l'organisation du référendum. Mais ceux qui pensent, au contraire, que les cinq colonels putschistes veulent se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible y voient le début d'un scénario prédit de longue date, celui de l'allongement de la transition. Surtout, chez les opposants, mais aussi parmi les traditionnels soutiens des autorités actuelles, beaucoup s'inquiètent des divisions que ce projet constitutionnel est en train de susciter au sein de la société malienne.

Des organisations maliennes d'observation électorale estiment qu'organiser le référendum d'ici à la fin juin permettrait de résoudre les problèmes techniques - installation en région des démembrements de l'autorité indépendante de gestion des élections, distribution des cartes d'identité biométriques servant de carte électorale, etc. – sans remettre en cause la suite du calendrier prévu jusqu'au retour à l'ordre constitutionnel.

« On pouvait se préparer, maintenant, il faut accélérer »

L'ancien Premier ministre Moussa Mara, du parti Yelema, n'est ni un soutien, ni un opposant des autorités actuelles. Il prône une forme d'accompagnement vigilant.

« C'est un motif d'inquiétude en ce sens que la date était connue depuis plusieurs mois. On pouvait donc se préparer sur le plan logistique pour respecter les délais. Maintenant, la transition est, par définition, une période d'incertitude, donc on peut comprendre qu'on soit en retard, le gouvernement est décidé à reporter de quelque temps. La question essentielle est : comment rattraper ce retard pour que les différents scrutins intermédiaires qui sont prévus dans le cadre de la transition, jusqu'au dernier scrutin qui est l'élection présidentielle en 2024, puissent se tenir ? Comment avancer, comment rattraper le retard ? J'ai donc demandé à tous les acteurs, notamment le groupe de suivi du chronogramme, d'accélérer maintenant la cadence, de ne plus se contenter de réunions très légères, tous les mois ou tous les deux mois, mais de travailler toutes les semaines pour qu'on puisse très rapidement avancer. J'espère que je serai entendu. »

« Une décision sage, honnête et patriotique »

Aboubacar Sidick Fomba est le Président du parti ADPM (Alliance démocratique du peuple malien), au nom duquel il siège au Conseil national de transition (CNT, Assemblée législative durant la période de transition) et vice-président du Corema (Collectif pour la refondation du Mali). Il se réjouit de cette décision qu'il juge conforme aux priorités du moment.

« C'est une décision sage, honnête, patriotique et cohérente, car ça va en droite ligne avec les recommandations des Assises nationales de la refondation qui exigent que ce soit l'Autorité indépendante de gestion des élections qui organise les élections.  Bien sûr que le retour à l'ordre constitutionnel est une volonté manifeste des autorités de la transition, mais la priorité des priorités, c'est d'abord la sécurisation du territoire et les réformes nécessaires avant d'aller à des élections. Et il n'y aura pas d'élections au Mali sans d'abord, au préalable, l'élection [le scrutin, ndlr] du référendum. C'est ça ce que le peuple demande. »

« Le gouvernement ne travaille pas pour le respect du chronogramme »

L'ancien ministre Amadou Koita, du Parti socialiste-Yeelen Koura, est l'un des porte-parole du Cadre des partis et regroupement politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel. Il s'inquiète de ce report et demande l'annulation pure et simple du référendum.

« Nous n'avons pas été surpris parce que depuis la présentation du chronogramme, nous nous sommes rendus compte qu'aucune disposition n'avait été prise pour respecter ce chronogramme proposé, de façon souveraine, par le gouvernement de la République du Mali. Le gouvernement n'est pas en train de travailler pour le respect du chronogramme et délai de la transition. C'est une déception totale pour nous. Une déception et une source d'inquiétude, celle qu'il n'y ait un glissement sur le reste du chronogramme. Vu que le gouvernement lui-même n'a pas pu respecter ses engagements, le cadre demande l'abandon pur et simple du référendum. Le gouvernement doit s'atteler aujourd'hui à l'organisation des autres scrutins intermédiaires et de la présidentielle, conformément au chronogramme qu'il a lui-même présenté aux forces vives de la nation et à la communauté internationale. »

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