La plate-forme de paiement PayPal, outil de transactions financières très utilisé dans le monde, n’est pas disponible pour les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza. Cela suscite la polémique depuis quelques jours, car les services de l’entreprise sont disponibles en Israël, mais également pour les colons israéliens qui, eux aussi, habitent en Cisjordanie. « Cela s’apparente à une flagrante discrimination », estiment des défenseurs des droits.
De notre correspondante à Ramallah,
La semaine dernière, onze membres du Congrès américain ont envoyé une lettre au PDG de PayPal, Dan Schulman, pour demander à l’entreprise d’ouvrir ses services aux Palestiniens. Une initiative partagée avec 7amleh, une ONG spécialisée dans la défense des droits numériques.
PayPal provides services throughout the state of Israel but does not allow Palestinians to access its services.
— 7amleh حملة (@7amleh) May 24, 2023
Car, précise la lettre, « refuser aux Palestiniens l’accès aux services de PayPal, cet outil de transactions financières, c’est une pratique discriminatoire. C’est ne pas leur donner accès à des opportunités de travail, à d’autres moyens de subsistance, ou de développement de leur économie ». Leur argument principal, c’est de dire que la plate-forme PayPal n’a aucune raison de ne pas opérer dans les Territoires occupés.
PayPal pourtant accessible dans des zones conflictuelles
Fondée en 1998, la plate-forme de paiement PayPal est déjà présente dans plus de 200 pays, y compris en Somalie et au Yémen. Son objectif affiché est de « démocratiser les services financiers et donner aux personnes et aux entreprises les moyens de prospérer dans l'économie mondiale ». Le problème n’est pas structurel non plus, puisque, précise la campagne, d’autres moyens de transactions financières se sont déjà installés sur le marché palestinien sans problème, comme Apple Pay, Visa, MasterCard ou encore Swift.
Les défenseurs des droits alertaient sur cette discrimination depuis un moment déjà. En octobre 2016, des chefs d’entreprise palestiniens avaient déjà rencontré l’un des responsables de PayPal. Il y a aussi, depuis l’été dernier, une campagne de mobilisation sur les réseaux sociaux – avec la possibilité d'envoyer directement un courriel à PayPal et une pétition qui a déjà reçu 275 000 signatures. Mais rien n’a évolué.
Payer en ligne, un levier de développement économique
Pourtant, pour les entrepreneurs, les hommes d'affaires, les start-up, les travailleurs indépendants, PayPal serait un atout considérable pour étendre leur clientèle, leur permettant d’avoir leur propre système de paiement électronique.
Jusqu’à ce jour, acheter en ligne dans les Territoires occupés, c’est commander puis payer en espèces à la livraison, restreignant ainsi la clientèle, empêchant les entreprises de se développer à l’international. Il serait aussi bien plus facile, avec PayPal, pour les entreprises palestiniennes d'établir une présence en ligne et de commencer à accepter des paiements en échange de leurs services, voire de participer activement au marché global.
Et cela rendrait la vie plus simple aux professionnels indépendants palestiniens, qu’il s’agisse de designers, de développeurs ou de traducteurs, qui pourraient se faire payer pour leurs missions et avoir des clients à l’étranger. Une étude d’7amleh confirme d’ailleurs que si PayPal était disponible, 80% des Palestiniens de tous les groupes socio-économiques l’utiliseraient comme moyen de paiement.
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