Au Royaume-Uni, en Écosse particulièrement, les interruptions volontaires de grossesse, les IVG, ont augmenté de près de 20 % entre 2021 et 2022, une augmentation inédite. Les jeunes femmes sont particulièrement concernées.
De notre correspondante à Londres,
Les médecins écossais notent une multitude de facteurs susceptibles d'expliquer cette hausse des avortements. Les gynécologues et les médecins dénoncent notamment une hausse des vidéos mensongères sur TikTok et les réseaux sociaux en général avec la multiplication de hashtags #naturalbirthcontrol (contraception naturelle) et #hormonefree (sans hormones).
Influenceuses
Exemple de message divulgué dans les vidéos : « La contraception naturelle, c'est "la voie à suivre". La méthode d’observation de la fertilité est super : vous surveillez votre cycle en mesurant votre température corporelle et en analysant votre glaire cervicale. Meuf, c’est tellement efficace. Vous voyez vos phases folliculaires, lutéales, d’ovulation et de menstruation… Pour savoir quand vous êtes fertile ou non. Moi, ça fait trois ans que je l’utilise, c’est vraiment efficace. Mais il faut le faire correctement !
Les méthodes d’observation de la fertilité sont plutôt recommandées pour augmenter les chances d’un couple de concevoir. Et pourtant, de nombreuses vidéos montrent des jeunes femmes dotées d’un thermomètre, qui prennent leur température tous les matins. Des influenceuses qui utilisent des termes scientifiques et qui se disent « coach en hormones », « coach bien-être » ou « spécialiste lifestyle ».
Rejet des méthodes classiques de contraception
Ces méthodes de contraception ne sont absolument pas fiables. Selon les spécialistes de santé écossais, les méthodes « naturelles » comme la prise de température ne seraient fiables qu’à 75% (et par ailleurs ne protègent pas contre les infections sexuellement transmissibles). Encore moins fiables chez les femmes qui ont des règles irrégulières, ce qui arrive souvent pour les jeunes filles. Les influenceuses ne le disent pas dans leurs vidéos qui durent rarement plus d’une minute et ne proposent, bien souvent, pas d’alternative.
Ce mouvement s’accompagne d’un rejet (toujours sur les réseaux sociaux et TikTok en particulier) de la pilule et des méthodes hormonales. Il y a les histoires décrites sur ces réseaux et qui sont devenues virales : ces femmes dont l’acné a explosé avec la pilule, qui ont pris beaucoup de poids, ou dont le stérilet est tombé tout seul.
Un accès inégal aux soins
Ces spécialistes autoproclamées tiennent des discours effrayants – et sans fondement – sur les méthodes hormonales, qui seraient hautement cancérigènes, dérègleraient la flore intestinale et conduiraient à la dépression. Ce sont des effets secondaires possibles des contraceptions hormonales, mais extrêmement rares.
Les médecins écossais appellent les jeunes femmes à consulter leur généraliste, leur gynécologue pour trouver la méthode de contraception qui leur convienne - on rappelle que chaque femme est différente. Mais déplorent la pénurie de professionnels de santé, à travers tout le pays, et donc un accès inégal aux soins. Ils réclament plus d’éducation sexuelle dans les collèges et les lycées, pour permettre à toutes les jeunes personnes d’avoir les outils pour faire face à la désinformation médicale en ligne.
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