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Guerre en Ukraine: «Livrer des avions F-16 à Kiev ne changera pas le cours de la guerre»

Un an de guerre en Ukraine et d’assistance militaire américaine qui ne se dément pas. Lors de sa visite surprise à Kiev le 20 février, Joe Biden a annoncé une nouvelle tranche d’aide pour un demi-milliard de dollars, principalement des missiles antichars, des canons et les munitions qui vont avec. Ainsi que des fournitures continues, même si les Ukrainiens n’obtiennent pas tout ce qu’ils demandent. Entretien avec Mark Cancian, ancien colonel des Marines et haut conseiller au Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington.

RFI: Les États-Unis peuvent-ils fournir toutes les munitions dont l’Ukraine a besoin ?

Mark Cancian : Il est important de garder à l’esprit que pour la plupart des armes, les États-Unis en ont suffisamment à donner à l’Ukraine. Mais il y a des choses pour lesquelles les fournitures envoyées à l’Ukraine ont réduit les stocks américains à des niveaux avec lesquels le Pentagone est maintenant gêné. À cause de possibles autres conflits, par exemple avec la Corée du Nord. En particulier les munitions de 155 mm. Les États-Unis ont donné un peu plus d’un million d’obus à l’Ukraine. Mais l’Ukraine en utilise environ 90 000 par mois. Et pour mettre ça en perspective, les États-Unis en ont produit 93 000 en 2021. Donc les Ukrainiens en utilisent en un mois autant que les États-Unis en produisent en une année entière.

Les États-Unis augmentent leur niveau de production. Ils espèrent passer à 20 000 par mois d’ici au printemps et peut-être à 40 000 d’ici un an ou deux. Donc cela ne va pas être assez. Alors les Européens peuvent en fournir un peu, mais les Ukrainiens vont probablement devoir définir des priorités entre leurs cibles, jusqu’à ce que les niveaux de production de chacun augmentent. Les États-Unis et les Européens travaillent à s’adapter à la demande de munitions, d’artillerie et autre, mais cela prend du temps.

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Nous savons que Joe Biden et Volodymyr Zelensky ont à nouveau parlé d’autres types d’armes quand ils se sont vus le 20 février à Kiev : de l’artillerie de longue portée et des avions de combat F-16. Jusqu’à présent, les États-Unis ne veulent pas fournir ce type d’armes. Qu’est-ce que cela signifie ?

Commençons par les F-16. Ils ont pris une importance symbolique, comme les tanks ou les missiles Patriot. Certaines personnes croient qu’en fournissant des F-16, cela changera le cours de la guerre aérienne. Je pense que c’est très improbable. D’abord, cela prendra au moins un an, peut-être plus, d’entraîner les Ukrainiens à utiliser les F-16. En particulier pour la maintenance, pour mettre en place une chaîne logistique. Les F-16 sont très chers, ils coûtent 100 millions de dollars pièce et sont très vulnérables quand ils sont au sol.

Un meilleur moyen serait d’améliorer les appareils que les Ukrainiens ont déjà. On ferait déjà beaucoup en les équipant pour qu’ils puissent tirer des munitions de l’Otan. Mais je pense néanmoins que les F-16 sont devenus tellement symboliques, qu’il y aura sans doute un accord comme celui avec le Royaume-Uni. Nous entraînerons quelques pilotes. Nous parlerons de les fournir à long terme en avions, mais pas dans l’immédiat. Nous ferons d’autres choses avec les avions que les Ukrainiens ont déjà, ce qui avancera beaucoup plus vite.

Et l’artillerie à longue portée ?

Les lanceurs Himars peuvent tirer des missiles à courte portée, des missiles guidés et bien sûr des missiles à plus longue portée (ATACMS). Les États-Unis sont très réticents à les fournir à cause de leur capacité à frapper profondément en territoire russe. Et c’est l’une des lignes rouges que Poutine a définies. Ça, je crois que les États-Unis vont le rejeter fermement et pourraient rechercher d’autres moyens de permettre aux Ukrainiens de conduire ces frappes. Peut-être en apportant un soutien technique pour qu’ils puissent développer des drones locaux, des systèmes qui feront la même chose, mais sans utiliser des armes américaines.

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