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France: le baptême du feu d'Élisabeth Borne au Salon de l'agriculture

C'était au tour d'Élisabeth Borne d'arpenter les allées du Salon de l'agriculture, porte de Versailles, à Paris, deux jours après Emmanuel Macron, ce lundi 27 février 2023. La Première ministre française a surtout cherché à ne pas faire de vagues. Mais outre l'inévitable interpellation sur les retraites, elle a annoncé un plan de développement d'alternatives pour les produits phytosanitaires les plus importants. Reportage.

Avec nos envoyés spéciaux au Salon de l'agriculture, Richard Riffonneau et Julien Chavanne

Pour son baptême du feu dans son costume de Première ministre, Élisabeth Borne a cherché à éviter les mauvaises images.

Début de journée en douceur au stand Outre-mer. Des sourires et une cheffe du gouvernement qui n'ose pas dire non quand on lui offre à manger ou à boire. « Je finis juste le rhum et... Et alors, il n'y a que moi qui bois ici ? » 

Alors, elle joue le jeu, à fond. Quitte à forcer un peu sa nature. « Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire hein ! », lance-t-elle au passage. 

Mais Élisabeth Borne n'échappe pas aux sujets qui fâchent. Cet éleveur de Normandie lui reproche les normes qui empoisonnent son quotidien : « Je pense qu'il faut absolument que nos politiques sortent de leur bureau, et qu'ils viennent sur le terrain pour expliquer, et que nous, on vous explique comment on marche. Mettez vos bottes et venez voir comment ça se passe une journée, je vous accueille quand vous voulez ! »

« Vous pouvez compter sur nous. On essaie de le faire », s'entend-il répondre. La Première ministre esquive, sans répondre à cet agriculteur. La stratégie de l'anguille ne va pas durer : Mme Borne allait ensuite parler du dossier sensible des pesticides. Sans compter le sujet des retraites qui s'est bien sûr invité sur son chemin.

Sur les retraites

La réforme qui agite actuellement la France arrive en commission au Sénat, ce mardi 28 février. Le gouvernement a fait des gestes en direction de la droite qui domine le Sénat. Le patron des sénateurs LR a fixé ses conditions sur l'index seniors ou les carrières longues. En marge de sa visite au Salon, Élisabeth Borne s'est montrée confiante sur un possible accord avec la droite au Sénat.

Je peux vous assurer que des échanges ont lieu en permanence entre mes équipes, les sénateurs, l'équipe évidemment du ministre Olivier Dussopt... Tous les chiffres sont évidemment sur la table. Ensuite, nous, on travaille sur l'ensemble des amendements . Les échanges vont se poursuivre entre le ministre, entre mon équipe, entre moi-même et les présidents des groupes parlementaires et le président du Sénat dans les prochains jours. Moi, j'ai noté une volonté du Sénat de voter cette réforme des retraites. Il y a des demandes d'amélioration, on va évidemment les examiner.

Au Salon de l'agriculture, Élisabeth Borne évoque la réforme des retraites au Sénat

Bertrand Haeckler

Sur les pesticides

Pendant sa visite, Élisabeth Borne a annoncé « un plan de développement d'alternatives pour les produits phytosanitaires les plus importants », promettant aux agriculteurs le soutien de l'État et assurant qu'elle ne répèterait pas « les erreurs du chlordécone ».

La Première ministre faisait ici référence au pesticide utilisé jusqu'en 1993 dans les bananeraies françaises des Antilles, à l'origine de nombreux cancers et d'une grande défiance sur place.

« Notre approche est fondée sur la science et les avis des scientifiques. C'est la méthode que nous appliquons sur tous les produits. L'autre point cardinal, c'est qu'on ne transige pas avec la santé publique. Personne ici ne veut répéter les erreurs du chlordécone », considère Élisabeth Borne.

« Concrètement, cela signifie chercher à identifier de nouveaux usages, de nouveaux outils et de nouveaux produits pour mieux protéger les récoltes, tout en préservant notre biodiversité », a-t-elle explicité.

Dans le sillage du président Macron, elle a évoqué l'idée d'un plan visant notamment à coordonner l'action de la France avec celle de l'UE, en vue d'offrir « de la visibilité » aux acteurs des filières concernant les produits qu'ils pourront ou non utiliser.

« Je veux être claire, a-t-elle insisté. En matière de produits phytosanitaires, nous respecterons désormais le cadre européen et rien que le cadre européen. » Ces dernières années, la France avait plutôt choisi d'interdire certaines substances encore autorisées au sein de l'UE.

Période révolue, donc. « Nous ne créerons aucune distorsion de réglementation pour nos producteurs, sauf en cas de force majeure, quand la santé publique est menacée », a néanmoins tenu à préciser la Première ministre.

Avec agences

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