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Chine: pourquoi le Honduras n'a-t-il d'autre choix que de rompre avec Taïwan?

Ile ne sont plus que treize pays à reconnaître officiellement la République de Chine, nom officiel de Taïwan. Le Honduras vient officiellement de rompre tout lien diplomatique, après 82 ans de relations, pour se tourner vers Pékin. Une nouvelle victoire pour le régime communiste, qui mène depuis plusieurs années une stratégique d'isolation diplomatique de l'archipel, une « province rebelle » à ses yeux.

Le Honduras a rejoint, ce dimanche 26 mars, l'immense majorité des États du monde ayant décidé de choisir Pékin plutôt que Taipei. C'est le résultat d'une politique agressive de la Chine qui, outre les pressions économiques et militaires, vise à isoler sur le plan diplomatique Taïwan, qu'elle considère comme une province rebelle.

À peine l'officialisation était lancée, que Pékin a déjà envoyé une invitation officielle pour une visite d'État à la présidente hondurienne. Et la Chine, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Qin Gang, a lancé un avertissement au gouvernement taïwanais et à sa promotion du séparatisme, vouée à l'impasse, selon lui.

La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen a, de son côté, dénoncé les « coercitions et intimidations », ainsi que les promesses financières, les « amabilités économiques » de la Chine. Depuis l'arrivée au pouvoir, en 2016, de cette dirigeante plutôt favorable à l'indépendance, le Honduras est le 9e pays à tourner le dos à Taipei.

Je ne lis aucun article factuellement précis sur le sujet

Le Honduras 🇭🇳 n’a pas établi des relations diplomatiques avec la Chine, il en avait déjà 🫠

Le pays considère juste désormais que la Chine est représentée par la République populaire 🇨🇳 et non plus par la République 🇹🇼 https://t.co/6MHpQOnHax

— Antoine Bondaz (@AntoineBondaz) March 26, 2023

« Taïwan, à terme, n'aura quasiment plus de relations diplomatiques »

« Nous avons une pression continue et des pays qui, les uns après les autres, établissent des relations avec Pékin et les rompent avec Taipei, confirme Antoine Bondaz, directeur du programme Taïwan à la Fondation pour la recherche stratégique. Notamment dans le Pacifique, mais aussi en Amérique et même en Afrique. »

Et l'enseignant à Science Po de rappeler que l'État de São Tomé-et-Principe a aussi, à titre d'exemple, choisi de considérer la République populaire comme l'émanation de la Chine plutôt que la République de Chine. « Une tendance de fond », selon le chercheur, avec une conséquence probable : « Taïwan, à terme, n'aura quasiment plus de relations diplomatiques. »

Ne pas avoir de relations diplomatiques ne signifie pas ne pas être un État, prévient-il. Ne pas faire partie de l'ONU non plus. En fait, aujourd'hui, l'archipel mise avant tout sur « le développement et l'approfondissement des coopérations concrètes plus que sur l'aspect symbolique des relations diplomatiques ».

On le voit tous les jours, par exemple entre les États européens et Taïwan : les coopérations s'approfondissent, les coopérations se multiplient. En témoigne par exemple la visite de la ministre de l'Éducation et de la Recherche allemande à Taipei, c'était il y a seulement quelques jours.

Antoine Bondaz, directeur du programme Taïwan à la FRS et enseignant à Sciences Po

Anastasia Becchio

« Les démocraties occidentales l'ont fait dans les années 1960 ou 1970 »

On peut comprendre le choix de nombreux petits pays sur ce sujet, ajoute Antoine Bondaz. Les États qui ont encore aujourd'hui des relations diplomatiques avec Taïwan sont en effet, rappelle-t-il, « généralement des petits États, insulaires des Caraïbes, insulaires du Pacifique, ou alors d'Amérique centrale ».

« Quand ils font le choix entre notamment les bénéfices économiques et commerciaux d'établir des relations avec Pékin, plutôt que de les maintenir avec Taipei, c'est généralement vite fait. Sur ce terrain-là, Taïwan n'a pas, entre guillemets, les "marges de manœuvre" aujourd'hui ou le poids politique pour tenir tête à la Chine. »

Il est somme toute relativement logique, explique M. Bondaz, pour les pays de la communauté internationale, d'avoir des relations diplomatiques avec un des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, la deuxième économique mondiale et une puissance majeure, grandissante, sur la scène internationale.

Il est difficile aujourd'hui de reprocher au Honduras, ou hier aux îles Salomon ou aux îles Kiribati, d'avoir rétabli des relations diplomatiques avec la République populaire, alors même que les démocraties occidentales l'ont fait dans les années 1960 ou dans les années 1970.

Antoine Bondaz, directeur du programme Taïwan à la FRS et enseignant à Sciences Po

Anastasia Becchio

À noter que l'annonce du jour intervient alors que la présidente taïwanaise doit entamer, mercredi, une tournée en Amérique centrale. Tsai Ing-wen doit visiter deux pays encore alliés : le Belize et le Guatemala, avant un arrêt probable aux États-Unis. Une tournée déterminante pour la diplomatie de Taipei, plus que jamais isolée.

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