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Chine-Pakistan: le port de Gwadar, «pièce essentielle» des «nouvelles routes de la soie»

Le troisième port pakistanais bénéficie d’un double positionnement stratégique. Sur le plan terrestre, c’est la destination finale du corridor économique sino-pakistanais (CPEC) qui relie la ville chinoise de Kashgar, dans la province du Xinjiang à l’océan Indien. Sur le plan maritime, il est situé à 600 km du détroit d’Ormuz, importante route maritime commerciale et énergétique située entre la péninsule arabique et l’Iran. En 2015, le Pakistan a concédé pour quarante ans, la gestion du port de Gwadar à une entreprise publique chinoise, deux ans après le lancement du projet de corridor. Dix ans plus tard, quels sont les enjeux autour de ce maillon essentiel des « nouvelles routes de la soie » ? L’analyse de David Chaudet, chercheur associé à l’Institut français d’études sur l’Asie centrale (Ifeac) à Bichkek.  

RFI : Comment ce projet de développement du port de Gwadar s’inscrit-il dans le cadre général des « nouvelles routes de la soie » ?  

David Chaudet : C'est une pièce essentielle. Le corridor Chine-Pakistan est officiellement présenté, y compris lors de rencontres sino-pakistanaises, comme la colonne vertébrale des « nouvelles routes de la soie » et Gwadar comme son cœur. C'est aussi pour cela que les Chinois ne peuvent pas l'abandonner, car si jamais cela s’achevait en défaite géo-économique, ce serait de très mauvais augure pour les « nouvelles routes de la soie ».  

Concrètement quel intérêt représente le port pakistanais de Gwadar pour la Chine ? 

Gwadar, c'est à la fois la destination ultime du corridor économique Chine-Pakistan et la porte sino-pakistanaise tournée vers des zones clés pour assurer la protection des bateaux reliant le Moyen-Orient à la Chine. C'est également, pour la Chine, le moyen de s'affirmer comme un acteur sud-asiatique incontournable et avoir une influence sur l'océan Indien. Pékin veut faire comprendre à l'Inde que la Chine a historiquement été présente dans l'océan Indien et qu'elle doit aujourd'hui accepter que la marine chinoise puisse à l’avenir, y être très présente pour défendre ses intérêts. Il est essentiel pour la Chine de compléter cette revendication maritime par une présence terrestre induite par le corridor économique Chine-Pakistan.  

C’est aussi l’opportunité de pouvoir via plusieurs routes [maritime et terrestre, Ndlr] assurer le lien entre la Chine et les sources d’approvisionnement en énergie. C'était le cœur du projet autour de Gwadar avec la possibilité de contourner le détroit de Malacca, même si, sur ce point précis, j’apporte un gros bémol.  

Justement, quelle est la réalité de la nécessité de contourner le détroit de Malacca qui sépare la Malaisie de l’Indonésie dans l’architecture originelle des « nouvelles routes de la soie » ?  

En fait, on a exagéré cette affaire de Malacca avec l’idée que le trafic maritime à destination et en partance de la Chine pourrait se retrouver bloqué [par les États-Unis, Ndlr]. De fait, si Malacca se retrouvait bloqué, il y aurait d'autres moyens au niveau maritime pour assurer l’approvisionnement en énergie dont la Chine a besoin. Mais c'est bien une logique de sécurisation et d'accès aux ressources énergétiques qui a prévalu dans le cadre des « nouvelles routes de la soie ».  

Sécuriser l’accès aux ressources énergétiques, dîtes-vous. Avec le port de Gwadar, ce que vise donc la Chine, c'est la péninsule arabique et l'Iran ? 

Gwadar est situé à environ à 600 km du détroit d'Ormuz par où transite 40% du trafic pétrolier mondial. Depuis plusieurs années, au moins 65% de ce pétrole est destiné aux marchés asiatiques (Inde, Corée du Sud, Japon, et bien sûr Chine). Avoir la capacité de « surveiller » ce trafic donne un pouvoir non-négligeable à qui peut le faire. Donc oui, la question énergétique compte très clairement quand on évoque Gwadar.   

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Il faut aussi signaler que ce projet prend de l'ampleur à partir de 2013, mais qu’il était dans les tuyaux dès 2007.  

Exactement et c’est le cas de nombreux chantiers inclus dans les « nouvelles routes de la soie », surtout concernant des pays clés pour la Chine. Ces projets sont antérieurs au discours de Xi Jinping mais à partir de 2013, ils vont connaitre ce que j’appellerai entre guillemets « une nouvelle vie marketing » : un développement d’une plus grande ampleur, un investissement plus important… Par exemple, pour le corridor économique Chine-Pakistan, on parlait au début de 10 à 20 milliards de dollars, puis de 40 milliards pour enfin monter à 62 milliards. Voilà pour les chiffres, même si encore une fois, il faut étudier chaque projet, voir ce qui est véritablement réalisé, financé ou abandonné. Il ne faut pas s’en tenir aux grandes annonces.  

En revanche, la Chine n’attend pas de retour sur investissement immédiat. Elle a même reconnu qu'elle va sans doute perdre beaucoup d'argent avec Gwadar, mais ça ne semble pas être un enjeu. Comment l’expliquez-vous ?  

En fait, la Chine n’a pas besoin que le port de Gwadar soit rentable dès maintenant. Dans son optique, c'est un investissement sur le long terme qui pourrait même devenir une ressource, y compris militaire, dans 20 ans ou 30 ans. Donc, pas besoin d’une utilité immédiate, en revanche, les Chinois ont besoin d'être présents dès maintenant, de se développer pour pouvoir se préparer à toute éventualité. D'un point de vue chinois, au niveau mondial, il y a l’hypothèse d’une nouvelle guerre froide avec les États-Unis et au niveau régional, l’Inde est un problème. Je reviens donc sur cette logique chinoise d'être un acteur incontournable en Asie du Sud.  

Donc la rentabilité n’est pas un enjeu côté chinois ? 

La rentabilité n’est un enjeu ni côté pakistanais, ni côté chinois. On insiste énormément sur les failles du corridor économique et c’est certain qu’il y en a. 122 projets ont été évoqués à partir de 2015 quand le corridor a officiellement été lancé. Au début des années 2020, sur ces 122 projets seuls 32 avaient été menés à bien, 22 étaient en cours. Concernant les projets énergétiques tout particulièrement, 34% avaient été réalisés, mais certains avaient été abandonnés. Donc d'un point de vue économique, le bilan n’est certes pas parfait, mais il s’explique aussi par le fait que le Pakistan est un pays qui peut être parfois difficile à aborder. La Chine et le Pakistan, ce sont deux visions de faire des affaires, deux cultures extrêmement différentes.

En revanche, pour les deux pays, c'est un investissement géopolitique fructueux. La Chine peut s'affirmer comme une grande puissance du sud asiatique. Cela peut paraître un peu étrange de présenter les choses ainsi mais de fait, la Chine a besoin de se développer sur son Ouest pour protéger ses territoires, que ce soit le Xinjiang ou le Tibet. Dans cette optique, sur la question tibétaine notamment, renforcer les liens avec le Pakistan est essentiel pour la Chine. Si on s’attarde à présent sur le point de vue pakistanais, il y a un besoin de s'assurer que les Chinois resteront des amis sûrs quoi qu'il arrive. Vous savez quand vous devez 10 000 dollars à une banque, c'est votre problème. Quand vous devez 100 000 000 de dollars à une banque, c'est le problème de la banque. Donc l’énorme investissement chinois dans la zone rassure les Pakistanais. Ils se disent « les Chinois ne vont pas nous abandonner car ça leur coûterait bien trop cher ».  

Comment les élites pakistanaises, dont vous parlez, ont-elles perçu ce projet des « nouvelles routes de la soie » ? Comment s’y projettent-elles ? 

Pour répondre, il faut se replacer dans le contexte de l'époque. Le corridor a commencé à être évoqué en 2013 et est devenu une réalité en 2015. Quelle était la situation au Pakistan, entre 2013 et 2015 ? Le Pakistan qui avait connu le scandale entre guillemets, « de la mort de Ben Laden » (2011), qui sortait meurtri de la guerre contre le terrorisme, était un pays qui suscitait beaucoup de peur et qui ne réussissait pas véritablement à attirer des investisseurs étrangers. Pour ces élites pakistanaises, la Chine a été vue comme un sauveur. Que ce soit auprès du pouvoir militaire qui se trouve à Rawalpindi ou d’un certain nombre de politiciens de carrière à Islamabad que j'ai eu l'opportunité d'interviewer, j'ai rarement entendu de critique de la Chine. Au contraire, j'ai vu de l'enthousiasme ou du pragmatisme et dans les deux cas, la logique était claire : « nous avons besoin des Chinois face à l'Inde, nous avons besoin de l'argent chinois parce que personne d’autre ne veut investir chez nous que ce soient les Européens qui ont peur de venir, ou les Américains qui ne resteront pas ». Donc, du point de vue des élites pakistanaises, la relation à la Chine est devenue une question de survie à plusieurs niveaux, économique, géopolitique, sécuritaire.  

C’est donc important pour le Pakistan d'afficher ce lien avec le voisin chinois, aussi bien en termes d'image que de géopolitique ? 

C'est essentiel en termes de géopolitique, je parlerai même de géopolitique de survie. Côté pakistanais, il est clair que l’on se prépare au prochain choc militaire avec les Indiens.  Ce choc est considéré par un certain nombre, au sein des élites pakistanaises, comme une fatalité, en raison, côté indien, de la montée en puissance du nationalisme hindou, des propos tenus par la droite à New Delhi sur la nécessité de récupérer le reste du Cachemire qui est administré par le Pakistan, l'équivalent d'un tiers du Cachemire historique, ainsi qu’un soutien plus ou moins affirmé d'un certain nombre d'analystes, politiciens, idéologues indiens au séparatisme baloutche. Si on prend tous ces points en compte, il est évident que pour les Pakistanais, c'est une question de survie. Certes, ils peuvent envisager utiliser l'arme nucléaire, y compris contre des troupes conventionnelles pour empêcher une entrée sur le territoire pakistanais, mais face aux risques de guerre à venir, l'alliance avec la Chine peut faire la différence. D'autant plus qu'avec les tensions frontalières entre l'Inde et la Chine, les Pakistanais pourraient espérer, dans une situation de crise, que cette fois, les Chinois entrent en guerre à leurs côtés : dans une guerre sur deux fronts pour New Delhi, la donne pourrait être modifiée à la frontière indo-pakistanaise. 

Quitte à ce que, vu l'ampleur des investissements, le Pakistan doive renégocier sa dette avec la Chine ? 

Encore une fois, vous avez eu énormément d'analystes qui ont répété ad nauseam cette idée qu’avec les « nouvelles routes de la soie », la Chine tendait un piège, le fameux piège de la dette. Je trouve toujours assez étrange que ce type de discours puisse encore être tenu en France d’autant que cette discussion a été très clairement résolue côté américain. Il est en effet très difficile de parler de piège de la dette, quand les États qui font des affaires avec la Chine sont des États indépendants qui ont besoin d’argent et qui ne peuvent très souvent pas trouver d’autres partenaires que la Chine. Donc quand on évoque la dette actuelle du Pakistan à l’égard de la Chine, ça n'est pas la Chine qui tend un piège au Pakistan, ce sont les élites pakistanaises qui ont fait ce choix politique mais aussi géopolitique. En conclusion, si on ne considère que l’aspect économique on ne comprend pas ce qui se passe car le corridor économique est avant tout un corridor géopolitique.  

Même constat concernant les exemptions fiscales accordées par le Pakistan à la Chine, qui grèvent pourtant les finances pakistanaises ? 

On pourrait débattre de la question, s'il y avait des alternatives crédibles, s'il y avait d'autres acteurs présents sur place. Sur ces dernières années, on a pu constater que quand des entreprises, notamment européennes, s’intéressent au Pakistan, c’est d’abord parce qu’elles sont attirées par le potentiel développement économique généré par le corridor économique Chine-Pakistan. C’est un constat complètement intégré du côté des élites politiques et militaires du pays. Pour elles, réussir à faire venir et garder les Chinois sur place, est véritablement au cœur de leur stratégie.  

Quelles sont les retombées pour les populations locales au Baloutchistan ?  

Le souci c'est que même si les projets avancent, pour l'instant la population baloutche ne perçoit pas de véritables retombées économiques, ce qui explique un certain nombre de tensions sécuritaires. Les Chinois ont d’ailleurs demandé très clairement aux Pakistanais de régler cette question sécuritaire.  

Il faut justement préciser que le Baloutchistan est une région pauvre du Pakistan, en rébellion fréquente contre le pouvoir central.  

En fait, c'est un territoire éloigné des sphères de décision, un peu laissé en friche, où les élites locales ne disposent pas forcément d’une grande influence sur le pouvoir central. C'est la guerre contre le terrorisme qui a finalement forcé les élites à Islamabad et surtout à Rawalpindi [où est situé le QG des forces armées pakistanaises, Ndlr] à envisager un vrai travail d'investissement à long terme au Baloutchistan. Mais le problème c’est que les Baloutches qui représentent 56% de la population de cette province n'ont pas forcément le sentiment de bénéficier des retombées de la relation sino-pakistanaise. En revanche, au quotidien, ils sont impactés par les contrôles policiers, la concurrence des chalutiers chinois en haute mer quand il s'agit d'aller pêcher. 

L'activité traditionnelle de la pêche dans la région de Gwadar est impactée ? 

Exactement, et c'est une problématique qui est de plus en plus prise en compte par les analystes pakistanais eux-mêmes. A Islamabad, c’est un sujet même si, comme sur d'autres sujets, émerge un débat entre une vieille garde très Penjabi, dans l'entre soi, qui ne comprend pas véritablement ces territoires très éloignés et une jeune garde qui a vécu de plein fouet la guerre contre le terrorisme, alors qu’elle étudiait à l’université ou entrait dans le monde du travail. Cette jeune génération, dans les différents milieux constituant les élites pakistanaises (intellectuelles, militaires, politiques, etc.) dénoncent une inégalité de fait de traitement pour le Baloutchistan et d’autres territoires périphériques.  

Au Baloutchistan, il y a aujourd’hui une volonté des élites pakistanaises de négocier avec les rebelles baloutches même si la réciproque n’a pas été nécessairement au rendez-vous. Mais l’annonce de l’arrestation en avril dernier de Gulzar Iman, personnage clé de la rébellion baloutche, semble avoir changé la donne. Gulzar Imam avait incité des petits groupes rebelles à s’les rendant bien plus actifs et efficaces contre les forces pakistanaises, mais aussi contre les travailleurs chinois présents sur place. Cette arrestation est un vrai tournant dans la lutte contre le séparatisme baloutche au Pakistan. Elle pourrait amener à des tensions, à terme, entre leaders séparatistes, une situation qui avait été fatale pour les rebelles baloutches en 2015.

Mais il serait prématuré d'imaginer que cette seule arrestation implique un affaiblissement durable de la rébellion baloutche : elle est moins hiérarchisée plus décentralisée que par le passé, et la victoire de toute insurrection est de tenir, jusqu'à décourager un ennemi pourtant militairement bien plus fort (ce fut la méthode des Talibans afghans, appliquée avec succès). De fait, il va falloir aller au-delà de ce volet répressif pour apaiser les tensions au Baloutchistan.

Il y a eu quelques attaques, notamment en juillet 2021, contre un bus qui transportait du personnel chinois. C'était dans la Riber Packtounkhwa. Est-ce que l’on constate la montée d'un ressentiment à l'égard des Chinois de la part des Pakistanais ? 

Des Pakistanais, non, mais des séparatistes baloutches, oui. En fait, non seulement des séparatistes baloutches, mais de tous ceux qui veulent déstabiliser le statu quo au Pakistan par la violence, aussi bien les talibans anti-pakistanais (TTP) que des séparatistes baloutches. 

Ce qui se développe, c'est un terrorisme qui cible les Chinois en tant que personne pour leur faire peur, pour les faire fuir et pour empêcher les potentiels investissements en provenance de Chine. Très clairement pour tout groupe terroriste qui veut changer le statu quo de façon radicale au Pakistan, les Chinois présents dans le pays sont un ennemi à cibler. C’est bien pourquoi les Chinois ont clairement demandé au Pakistan de protéger leurs ressortissants. C'est à mon avis à plus long terme, une condition sine qua none du renforcement des relations sino-pakistanaises.  

Il faut aussi préciser que le Baloutchistan est la plus grande région du Pakistan et qu’elle dispose d'énormes réserves en métaux.  

Exactement et c’est aussi un enjeu pour la Chine. Le but à terme, c'est de pouvoir développer l’extraction de ces métaux. Mais pour cela, il faut construire des routes, assurer la sécurité, développer les activités d’extraction, ce qui demande beaucoup de temps et d’argent. Donc, ces richesses existent de la même manière que l'on parle de l’Afghanistan comme de « l'Arabie saoudite du lithium », mais tout est une question de potentiel.  

Par ailleurs, si Gwadar est le joyau du corridor économique, il ne faut pas oublier que si on parle d’un grand port au Pakistan en termes de commerce, c'est à Karachi que l’on pense, pas du tout à Gwardar où les besoins en développement en termes de route, de sécurité sont encore très grands.  

Vous avez évoqué le voisin indien. L'intérêt des Chinois pour Gwadar y provoque, on va dire logiquement, de l’inquiétude.  

Totalement car pour les Indiens, ce corridor est une hérésie : il passe en partie par des territoires administrés par les Pakistanais mais revendiqués par l’Inde. Plus largement, pour New Delhi, ce renforcement de la présence chinoise chez son ennemi héréditaire est problématique d’autant que la relation entre ces deux principaux ennemis suscite la peur ou le fantasme d’une potentielle guerre à double front, contre le Pakistan, mais aussi contre la Chine. Les récentes tensions à la frontière sino-indienne renforcent cette éventualité. A mon avis, on sous-estime en Europe et singulièrement en France, malgré des liens extrêmement poussés entre New Delhi et Paris, le fait que demain une guerre sino-indienne est véritablement envisageable.  

Quand les Occidentaux évoquent - notamment les Américains - le projet d'une base militaire chinoise, à terme, à Gwadar, c'est une crainte concrète ? 

Gwadar n'a pas besoin d'être transformé en aéroport, en base militaire chinoise maintenant, mais si un jour il y avait des tensions sino-américaines ou sino-indiennes, ou indo-pakistanaises, Gwadar pourrait être transformé assez rapidement en base militaire. Il pourrait assez vite devenir un outil sécuritaire pour les intérêts chinois. Ce qui ne manque pas de sel, c’est de voir les Américains reprochés aux Chinois de tenter de faire ce qu’ils ont eux-mêmes réussi à développer, à savoir une très grande puissance au niveau mondial, avec des bases militaires à l’étranger afin de défendre leurs intérêts. Mais ce n'est pas pour demain. On est dans l’erreur à partir du moment où on oublie la temporalité. Les Chinois ne veulent pas installer une base militaire à Gwadar maintenant, mais ils veulent en avoir la possibilité si la nécessité faisait loi, au cas où la nouvelle guerre froide se réchauffait soudainement, ou que la possibilité d'un affrontement sino-indien devait s'imposer dans un avenir proche. 

Gwadar en quelques dates

2006 : la Gwadar Development Authority lance le « Master plan for Gwadar » qui présente les plans d’aménagement futur pour la ville de Gwadar.   

2007 : le président Musharraf inaugure le projet financé à 85% par la Chine et à 15% par le Pakistan. Gwadar devient le 3e port en eaux profondes du Pakistan. Le montant de l’investissement est évalué à 1,2 milliard de dollars.  

Avril 2015 : le Pakistan et la Chine annoncent leur intention de développer le corridor économique terrestre Chine-Pakistan (CPEC) qui doit relier le Nord du Pakistan et l’Ouest de la Chine au port de Gwadar sur l’océan Indien. Dans le cadre de ce corridor, le port de Gwadar est concédé à la Chinese Overseas Ports Holding Company (COPHC) pour 40 ans  

Juin 2016 : lancement du projet de zone économique spéciale 

[Carte interactive] Les nouvelles routes de la soie