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Basket: Nikola Jokic, l’anti-star de la NBA

Figure de proue des Denver Nuggets, favoris pour le titre NBA, le pivot Serbe Nikola Jokic sera le joueur à suivre durant les finales face au Miami Heat. Double MVP, en 2021 et 2022, le numéro 15 a un profil atypique, sur et en dehors des parquets, bien loin des standards habituels d’une ligue qui attire les feux des projecteurs et où les stars sont bien plus que des athlètes. 

De notre correspondant à New-York,

Staples Center de Los Angeles, 22 mai dernier. Après avoir été balayé quatre victoires à zéro par un « blizzard » venu des montagnes rocheuses, LeBron James met les choses au clair en conférence de presse après la question d’un journaliste sur les performances stratosphériques de Nikola Jokic durant cette série (30 points, 12 rebonds et 12,5 passes par match). 

« Je pense que beaucoup de gens ne comprennent pas que ce qu’il fait, c’est juste énorme. Au-delà des statistiques, il est monstrueux, il impacte le jeu comme très peu de joueurs, on en parle pas assez. Il n’est pas flashy, mais c’est un joueur très spécial », lance LeBron James. 

Le constat dressé par le « King » est clair, et partagé par plusieurs experts et joueurs à travers la ligue. Mais pour ceux qui fréquentent le pivot serbe, le manque d’exposition du joueur n’est pas pour lui déplaire, bien au contraire. « Il aime bien sa tranquillité, il n’est pas attiré par les lumières, par l’attention médiatique, par le côté " bling bling " de la NBA. C’est pas son truc, et il est heureux comme ça », affirme Boniface Ndong, l’ancien pivot sénégalais devenu entraîneur-assistant aux Nuggets, qui travaille avec lui. Jokic est un géant discret, simple, qui vit son rêve de joueur NBA sans strass, ni paillettes.

Joël Embiid à la lutte avec Nikola Jokic.
Joël Embiid à la lutte avec Nikola Jokic. USA TODAY Sports - Bill Streicher

Une aventure qui commence dans le Colorado en 2014

Né à Sombor, ville moyenne en Serbie, Jokic grandit dans une famille en situation précaire, mais qui est touchée par le virus de la balle orange. Ses deux frères, Nemanja et Strahinja, l’initient à ce sport. Son amour pour le basket n’est pas immédiat pour lui, qui préfère les chevaux, et les bons plats. Il devient obèse, et sa grande taille (1,92 m à 14 ans), le pousse à se redonner une chance au sport qui a vu briller les idoles nationales Vlade Divac et Dejan Bodiroga.

Il tape dans l'œil des recruteurs, et après un passage à Voïvodine, il est recruté par Mega Vizura, la meilleure académie du pays. Il commence sa carrière professionnelle à l’âge de 17 ans, et se retrouve drafté deux ans après par les Denver Nuggets, qui le sélectionne au second tour, à la 41ème position. L’aventure américaine du « Joker », commence dans le Colorado en 2014.

« Il a vite pris ses marques dans l’équipe, et le plan de développement du joueur s’est passé comme prévu », précise Ndong. Il ajoute : « Jokic est passé à travers les mailles du filet de beaucoup de scouts, tant mieux pour nous » . Il termine troisième dans la course au titre de rookie de l’année lors de sa première campagne outre Atlantique, puis monte en puissance. Il enchaîne les sélections dans les meilleurs cinq majeurs de la saison, et atteint le graal individuel avec son premier titre de MVP en 2021. Son profil un peu pataud ne plaît pas toujours, il ne fait pas de vagues, mais le Serbe fait un « bis repetita » l’année suivante. Le phénomène Jokic ne s’arrête plus.

Le pivot serbe des Denver Nuggets, Nikola Jokic, lors d'une séance de photos à Denver, le 24 septembre 2018
Le pivot serbe des Denver Nuggets, Nikola Jokic, lors d'une séance de photos à Denver, le 24 septembre 2018 GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives

Un monstre de travail

Malgré toutes les reconnaissance individuelles, Nikola Jokic est pourtant bien loin d’être parmi les stars les plus appréciées d’une ligue qui prône le spectacle à coup de dunks de LeBron James, de contres de Giannis Antetokounmpo, et de muscles saillants comme ceux de Joël Embiid.

Le Serbe, lui, n’a pas la plus grosse détente, préfère les tirs à trois points et dépose le ballon dans le cercle au lieu de claquer un gros dunk. Il semble peu athlétique, un peu empoté, et son sourire combiné à son crâne quasiment rasé lui donne l’image d’un gentil géant. « Beaucoup de gens se trompent à son sujet, c’est un monstre de travail. Quant à son physique, je peux vous dire qu’un gars qui pèse 130 kilos et qui court 40 minutes par match, c’est qu’il a une capacité physique hors norme », précise Ndong, qui ajoute « sa force, c’est son Q.I basket. Une intelligence exceptionnelle, il sait ce qu’il faut faire et quand il faut le faire. Il a très peu de déchets dans son jeu, c’est la marque des très grands ».

Compétiteur hors pair, le Serbe veut apporter un premier titre à la franchise de « Mile High  City », et ainsi marquer l’histoire d’une équipe qui monte en puissance depuis plusieurs années, et qui réalise le second meilleur bilan de la saison régulière (53 victoires pour 29 défaites). « La ville le mérite, les fans le méritent et tous mes coéquipiers et moi-même sommes motivés comme jamais » a avancé Jokic lors d'un point presse.

Rentrer chez lui pour s’occuper de ses chevaux

Toujours très intéressant avec la presse et proche des fans, Jokic a aussi tout d’une anti-star, très protecteur de sa vie privée, et n’a aucun profil sur les réseaux sociaux. La vie du Serbe est très simple. « Il fait gagner son équipe, sort des lignes statistiques folles et rentre chez lui, comme monsieur tout le monde, précise Ndong, il ne fait pas les couvertures des magazines, il est très proche de sa famille et c’est un gars simple ». 

Nikola Jokic est un héros discret, bien loin de l’autre grande idole sportive de Serbie, Novak Djokovic. Il ne sort pas en boîtes de nuit, ne commet pas d’écarts, ne prend pas de position politique. Lui, il aime pêcher, apprécie les barbecues entre amis et s’occupe de ses chevaux dans son haras à Sombor, son petit paradis.

« Il est déterminé à gagner ce titre de champion de NBA, puis il rentrera chez lui cet été pour retrouver les siens et vivre ses hobbies en toute simplicité, bien loin des feux des projecteurs, comme il aime », conclut l’assistant sénégalais.