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Allemagne: la Deutsche Bank inquiète à son tour après une chute à la bourse de Francfort

Après SVB et Crédit suisse, c'est la première banque allemande, la Deutsche Bank, qui est à son tour attaquée par les marchés. Le titre a plongé de près de 15% à la bourse de Francfort le vendredi 24 mars 2023. L'ensemble des indices boursiers européens a suivi. 

C'est un nouveau coup dur pour le secteur bancaire ce vendredi 24 mars. Depuis le début de la crise bancaire il y a plus de deux semaines, les titres de Deutsche Bank ont perdu environ 30%, soit 7 milliards d'euros de valeur boursière volatilisés, rappelle notre correspondante à Berlin, Nathalie Versieux.

Selon les traders, c'est surtout la hausse rapide du prix de la couverture contre les défauts de paiement des banques qui a provoqué l'inquiétude sur les marchés.

En Allemagne, les commentaires rassurants se multiplient. Des experts financiers, qui estiment que Deutsche Bank est capable de résister. Cette banque a dégagé en 2022 son meilleur bénéfice depuis 15 ans, plus que doublé par rapport à 2021. Olaf Scholz assure donc qu'il n'y a aucune raison de s'inquiéter. « La Deutsche Bank a fondamentalement modernisé son modèle commercial et est très rentable », assurait le chancelier allemand à Bruxelles.

En effet, la banque répond largement aux exigences de la réglementation européenne : son ratio de fonds propres obligatoires de 13,4% rapporté aux actifs à risque et des liquidités supérieures à 250 milliards d'euros doivent offrir les ressources pour faire face à des périodes de turbulences.

Reste l'inquiétude de nombreux investisseurs d'un risque de contagion de la crise de confiance depuis les turbulences autour de Crédit Suisse.

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Un lourd passé judiciaire

Deutsche Bank a longtemps fait par le passé la Une des journaux financiers avec ses scandales à répétition, avant que Crédit Suisse ne lui vole la vedette. La Deutsche Bank n'était plus perçue comme un maillon faible du système bancaire.

Au début des années 2000, la croissance débridée de la Deutsche Bank lui a fait traverser plusieurs années chaotiques aux prises avec un enchaînement d'affaires judiciaires : pratiques illégales, blanchiment, manipulation de taux. Les condamnations assorties de lourdes amendes s'enchaînent. Un sommet étant atteint début 2017 avec 7,2 milliards de dollars versés aux États-Unis pour solder des poursuites son rôle dans la crise des « subprimes » datant de 2007.

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Pour s'en sortir, Deutsche Bank a eu recours à une réduction d'environs 7 000 d'emplois annoncée en 2018, avec une réduction de la voilure sur les marchés de capitaux. Puis l'annonce en juillet 2019 de 18 000 suppressions de postes et l'abandon du lucratif négoce d'actions pour tiers.

Entre temps, des pourparlers s'étaient tenus en vue d'une éventuelle fusion avec l'autre grand établissement allemand Commerzbank, aussi mal en point et en partie détenue par l'État. Mais la colère sociale menaçante, les discussions ont vite été enterrées.

L'arrivée de Christian Sewing à la tête de la banque en avril 2018 est intervenue après la chute de 30% du titre depuis janvier de cette année, les marchés ne croyant plus au redressement du groupe. Son profil a interrogé au départ : pur produit maison ayant démarré comme apprenti dans une agence du groupe, ce professionnel de la banque de détail était-il l'homme de la situation pour redresser la barre dans la banque d'investissement ?

Cinq ans plus tard, le patron aujourd'hui âgé de 52 ans est en bonne voie de réussir son pari. Son mandat, renouvelé par avance en 2021, s'étale jusqu'en 2026. C'est aussi en 2021 qu'il a été nommé président du lobby bancaire privé allemand, accentuant son assise auprès du monde économique et politique du pays.

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