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Un sommet européen organisé à Chisinau pour «donner une marque de soutien» à la Moldavie

Entretien

La Moldavie accueille ce jeudi 1er juin la deuxième réunion officielle de la Communauté politique européenne. Un sommet informel où 47 chefs d’États ont répondu à l’invitation, soit trois participants de plus que lors de la première édition de ce forum, en octobre 2022, à Prague, en République Tchèque. Cette fois-ci, ça n’est pas une capitale de l’Union européenne qui accueille l’évènement, et c’est précisément pour cela que Chisinau a été choisie. L'analyse de Florent Parmentier, secrétaire général du Centre de recherche pluridisciplinaire de Sciences-Po (Cevipof).

RFI : Pourquoi ce sommet a lieu en Moldavie ? 

Florent Parmentier : La Moldavie est aujourd’hui le pays le plus proche du front. Tiraspol, l’entité séparatiste et la région de Kherson… le front avec la Russie n’est qu’à moins de 250 km. L’idée tout simplement était de donner une marque de soutien à un pays qui est potentiellement l’un des prochains à être déstabilisé si d’aventure le conflit devait s’étendre. Et puis c’est quelque chose qui va à la fois leur permettre de se positionner sur la carte européenne, de leur donner une visibilité qu’ils n’ont pas eue depuis l’indépendance, et c’est aussi l’occasion d’aller dans le sens d’avoir des unions avec un certain nombre de projets. Les trois projets qui ont été retenus dans le cadre de ce sommet sont la sécurité, la connectivité et l’énergie.

Qu’est-ce que Maia Sanda, présidente de la Moldavie, peut espérer obtenir de ce sommet ?

Le gain est évident en terme réputationnel puisque la Moldavie n’a jamais accueilli d’évènement aussi important. Sur la sécurité, la Moldavie étant un État neutre, elle n’a pas vocation à entrer dans l’Otan dans la durée de ce conflit. On a vu par ailleurs que la Moldavie accueille depuis quelques jours une nouvelle mission européenne de lutte contre les menaces hybrides, donc c’est plutôt de ce point de vue là que la Moldavie a déjà marqué des points. En matière de connectivité, peut-être que Maia Sandu peut attendre davantage d’investissements, et sur les enjeux énergétiques : un dialogue sur le développement d’énergies renouvelable et puis de tout ce qui pourrait renforcer ou aller dans le sens de davantage de diversification en termes d’approvisionnement d’énergie.

Actuellement, elle dépend de ses voisins ?

Elle est très dépendante de la Russie en ce qui concerne le gaz, et en ce qui concerne l’électricité, elle avait là aussi une forte dépendance vis-à-vis d’une usine en Transnistrie, l’usine de Cuciurgan. Donc l’une des options politiques de Maia Sandu consiste précisément à pouvoir développer la Moldavie sur un plan économique et donc d’indépendance énergétique.

L’organisation du sommet par la Moldavie peut-il être interprété comme un signal positif à une future adhésion de la Moldavie à l’Union européenne ?

La date de 2030 est en discussion, mais le plus vraisemblable est qu’on sera sur une durée un peu plus longue. Dans le même temps, il est aussi notable que la Moldavie ne se trouve pas dans la même situation que les pays des Balkans. La Serbie, la Bosnie-Herzégovine, l’Albanie, la Macédoine du Nord, le Monténégro, sont dans une situation où il y a une forme de fatigue de l’élargissement. C’est-à-dire que la perception du côté de l’Union européenne est que l’impression que ces États ne font pas le travail qui est attendu pour être candidat à l’UE ; et du côté des pays candidats, on a l’impression que les Européens rajoutent des conditions au fur et à mesure et donc ne souhaitent pas vraiment que ces États fassent partie de l’UE. La Moldavie n’est pas encore à ce stade-là. Les grandes manifestations du dimanche 21 mai dernier à Chisinau, dans lesquelles on a eu 70 000 à 80 000 personnes, montrent la détermination de se rapprocher de l’Union européenne. La difficulté, c’est que ce sommet marque une étape, marque certainement pour beaucoup d’Européens une découverte de ce qu’est la Moldavie, mais pour le moment la voie de l’élargissement est encore longue.

>> À lire aussi : Maia Sandu, la présidente moldave face à la menace russe

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