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Séismes: les enjeux et défis de l'acheminement de l'aide en Syrie

Une grande conférence de donateurs se tient ce lundi à Bruxelles afin de récolter des fonds pour la reconstruction de la Turquie et la Syrie, où des régions entières ont été dévastées par les séismes du 6 février. Ces deux tremblements de terre ont fait plus de 50 000 morts et détruit des dizaines de milliers de bâtiments. Les besoins de reconstruction sont énormes. Cette conférence de pays donateurs doit donc servir à lever des fonds. Mais il faut aussi que l'aide arrive ensuite aux personnes sinistrées. Et dans le cas de la Syrie, pays sous sanctions internationales, cela est compliqué.

L'objectif de cette conférence de donateurs est de lever des fonds pour répondre à l’urgence humanitaire, mais aussi pour la reconstruction des zones touchées par le séisme. « Il faut que les populations en Turquie et en Syrie sachent que nous sommes à leurs côtés à longue échéance », a ainsi déclaré Ursula Von der Leyen en amont de la conférence.

Les besoins sont immenses : rien qu’en Turquie, l’ONU estime que les dommages des tremblements de terres devraient dépasser les 100 milliards de dollars et actuellement les ressources sont insuffisantes d’après les ONG sur le terrain. Jusqu’ici, l’UE a alloué près de 12 millions d’euros en tout pour répondre aux besoins de la population turque et mobilisé 10 millions pour faire faces aux conséquences du séisme en Syrie. Mais l’acheminement de l’aide humanitaire internationale a été plus lent et plus compliqué pour les Syriens, surtout pour ceux vivant dans les zones contrôlées par les rebelles dans le nord-ouest du pays.

Les rescapés manquent toujours de tentes pour s'abriter et dans les camps qui sont apparus, les conditions sanitaires sont très difficiles. Lubna Kanawati est une militante syrienne en exil, directrice de l'ONG Women Now qui vient en aide à des femmes à Idlib et dans la banlieue d'Alep, deux zones dévastées. « Le problème, c'est que ces abris temporaires manquent de tout. Ils sont même loin des standards des camps construits habituellement pour les personnes déplacées. Ces camps-ci n'ont pas de toilettes, n'ont pas d'accès à l'eau. Il n'y a même pas d'eau potable. »

Les demandes en tentes ont explosé. D’abord évidemment pour les sinistrés, mais on voit aussi beaucoup de personnes qui, de peur d’un nouveau séisme, installent des tentes derrière leur maison. Résultat : le prix d’une tente a été multiplié par 6. On est passé de 50 dollars avant le séisme à 300 dollars aujourd'hui ! Certains cherche du fer, du textile pour se fabriquer eux même leurs tentes, mais cela reste très cher.

En Syrie, les sinistrés manquent de tentes

Nicolas Feldmann

Ce lundi, le montant des sommes récoltées n'est pas le seul enjeu. Car la Syrie est un pays sous sanction, ce qui complique le travail des acteurs locaux qui sont les plus en capacité d'aider, estime Lubna Kanawati. « Nous voyons dans cette crise que les équipes locales ont été les premiers à intervenir. Et elles ont fait et font toujours un travail formidable et très important pour répondre aux besoins des gens. Donc ces organisations ont besoin d'être soutenues. Il faut un soutien financier et moins de restrictions pour transférer l'argent. »

L'autre défi de l'aide à la Syrie est l'utilisation politique qui en est faite par le régime ou les groupes rebelles. Son acheminement nécessite donc la mise en place de mécanismes de contrôle. « Avant, il y avait des institutions internationales en Turquie comme Ocha qui coordonnait l'entrée de l'aide humanitaire en Syrie, rappelle Lubna Kanawati. Je pense qu'un mécanisme similaire a déjà été créé dans des situations de catastrophes naturelles et qu'on peut s'appuyer sur ce qui a été fait ailleurs pour contrôler ou au moins surveiller cette aide afin qu'elle ne soit pas politisée. Car il ne s'agit pas seulement de qui va obtenir quoi, mais nous devons contrôler tout ça. »

L'un des enjeux de cette conférence des donateurs sera donc d’acheminer de manière efficace ces nouvelles aides sans pour autant soutenir Bachar el-Assad. Le gouvernement syrien ne sera en tout cas pas représenté aujourd’hui à Bruxelles. La Turquie envoie quant à elle son ministre des Affaires étrangères.

On a besoin de financements supplémentaires. Il y a beaucoup d'organisations qui ont dû annuler des distributions de tentes, de nourritures, par manque de financement. On va devoir reconstruire des villages entiers, des écoles, des hôpitaux...

Bahia Zrikem, reponsable plaidoyer à l'ONG Norvegian refugees council

Nicolas Feldmann

À écouter aussi : Séisme Turquie-Syrie: conséquences politiques et géopolitiques

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