Un tribunal de Moscou a commencé à juger, lundi 13 mars, à huis clos, l'opposant de 41 ans, Vladimir Kara-Mourza, qui risque jusqu'à 25 ans de prison, notamment pour haute trahison. Un cas emblématique de la répression accélérée des détracteurs du Kremlin.
C’est un des rares opposants emblématiques à être resté en Russie. Comme les autres, il est derrière les barreaux, mais lui risque d'y rester très longtemps. Un tribunal de Moscou a commencé à juger lundi 13 mars à huis clos l'opposant Vladimir Kara-Mourza, âgé de 41 ans. Il encourt jusqu'à 25 ans de prison, notamment pour haute trahison. Dans une même affaire, il est visé par trois graves accusations : « haute trahison », diffusion de « fausses informations » sur l'armée russe et travail illégal pour une organisation « indésirable ».
Vladimir Kara-Mourza, en détention provisoire depuis avril 2022, est un opposant de longue date à Vladimir Poutine. Il a failli mourir après avoir été, selon lui, empoisonné à deux reprises, en 2015 et 2017, des tentatives d'assassinat qu'il attribue au régime russe.
Au printemps dernier, il a été inculpé pour diffusion de « fausses informations » sur l'armée après son intervention en mars 2022 devant des députés américains de l'Arizona, lors de laquelle il avait critiqué l'offensive russe en Ukraine. Puis, en août 2022, il a été accusé de travailler avec une « organisation indésirable », un crime passible de prison aussi, pour avoir organisé une conférence de soutien aux prisonniers politiques en Russie. Enfin, en octobre, les autorités ont ouvert contre lui une troisième affaire pour « haute trahison », le plus grave des chefs d'inculpation, pour avoir critiqué les autorités dans des interventions publiques à l'étranger, a indiqué son avocat à l'agence de presse d'État russe Tass.
« Une activité d'opposition normale »
« Comme un mantra, ils ne cessent de répéter que cette affaire n'est pas politique, que c'est une affaire criminelle, explique son avocat Vadim Prokhorov. Alors que, bien sûr, il est clair qu'il s'agit précisément d'une affaire politique, il s'agit de l'accusation, de la poursuite pénale de Vladimir Kara-Mourza pour avoir exposé sa position, différente de celle des autorités actuelles et des autorités actuelles de la Fédération de Russie. »
Vladimir Kara-Mourza est en outre classé « agent de l'étranger », un statut qui rappelle celui des « ennemis du peuple » utilisé à l'époque soviétique.
Les autorités russes ont multiplié les poursuites contre les critiques de Vladimir Poutine depuis le lancement de son offensive contre l'Ukraine. Son avocat souligne ce durcissement envers toute opposition : « Et, je le souligne encore, il n'est pas accusé d'être un espion, Dieu nous en préserve, ni de transmettre des données secrètes, insiste-t-il. Il est accusé, en fait, de s'engager dans une opposition ouverte, normale, ce que dans un pays normal, on appelle une activité d'opposition normale. Et qui plus est, une activité qui aurait pu, même dans notre pays, il y a quelque temps, encore se faire. Mais dernièrement, surtout depuis l'année dernière, la situation a naturellement changé. Et maintenant, toute activité d'opposition normale et ouverte en Russie est impossible, elle ne mènera qu'à des poursuites pénales, à des sanctions pénales, ce qui est, bien sûr, scandaleux et déplorable, mais contre quoi on ne peut rien faire et qui continue d'avoir cours. »
Dans un entretien accordé à l'AFP, en 2021, il avait assuré ne pas avoir l'intention de quitter la Russie, malgré les risques. « Nous sommes des hommes politiques russes, notre place est en Russie », disait-il alors. Il estimait que « le plus grand cadeau » que les opposants à Vladimir Poutine pouvaient lui faire, c'était « d'abandonner et de fuir ».
(Avec AFP)