Niger
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Retraites en France: les syndicats et le gouvernement se préparent à une semaine décisive

Après son adoption au Sénat, le texte de la réforme des retraites passera en commission mixte paritaire, avec un vote à l'Assemblée nationale envisageable dès jeudi 16 mars. Si le gouvernement veut éviter un recours dangereux au 49-3, du côté des opposants, les leaders de l’intersyndicale appellent à des manifestations, mais restent contre un durcissement de la grève. La base syndicale continue malgré tout avec des actions.

Dans différents secteurs, les actions vont se multiplier dès lundi 13 alors que les syndicats restent tiraillés sur la question d'un durcissement de la grève, une sorte de friture sur la ligne entre intersyndicale et ses bases : certaines fédérations à la CGT prônent un durcissement, comme dans l'énergie. À la CFDT Transports, on est aussi pour une grève reconductible.

Mais du côté de l'intersyndicale, les leaders restent sur une ligne moins dure et moins claire, comme l’a illustré le numéro 1 de la CFDT Laurent Berger dimanche 12 mars sur BFM-TV, en parlant de la grève des éboueurs qui s'est enclenchée à Paris : « Sur les déchets, il n’y a pas la CFDT dans le mouvement à Paris. Et je vous le dis : la CFDT sera préoccupée à ce qu’on garde l’opinion, on n’appelle pas à ce type d’actions. »

Dans les assemblées générales, sur les piquets de grèves ou dans les cortèges, de nombreux manifestants aimeraient passer à la vitesse supérieure : certains trouvent l'intersyndicale bien timide.

C'est le cas d'Anthony Auguste, cheminot syndiqué Sud-Rail à Paris : « L’intersyndicale, c’est bien beau d’avoir des logos collés ensemble sur une feuille et d’avoir une unité. Mais si cette unité, c'est pour aller dans le mur, ça ne sert à rien. Dans tous les cas, cette semaine, on va vraiment avoir une semaine assez physique et éprouvante, surtout le vendredi. »

Les cheminots parisiens prévoient de nombreuses actions, tout en admettant que les grèves reconductibles de la semaine dernière n'ont pas assez duré pour être réellement efficaces.

Les riverains du 16e arrondissement de Paris réagissent à la grève des éboueurs

Laurence Théault

Le choix des modes d'actions contre la réforme des retraites divise l'intersyndicale comme les grèves prolongées ou les blocages. Ici, les conséquences de la grève des éboueurs près du Sénat à Paris, le 12 mars 2023.
Le choix des modes d'actions contre la réforme des retraites divise l'intersyndicale comme les grèves prolongées ou les blocages. Ici, les conséquences de la grève des éboueurs près du Sénat à Paris, le 12 mars 2023. © Michel Euler / AP

L’exécutif se prépare à plusieurs scénarios, dont le 49-3

L’exécutif se prépare à vivre une semaine décisive pour le quinquennat d’Emmanuel Macron. Le projet de loi doit poursuivre son parcours législatif avant un probable vote jeudi à l’Assemblée nationale.

Dimanche 12 mars, la Première ministre a réuni les ministres en première ligne sur la réforme des retraites pour resserrer la communication gouvernementale et aller arracher les voix qui manquent dans une réunion à Matignon tenue secrète jusqu’à la dernière minute.

Cela pour éviter à tout prix d’utiliser l’article 49-3. Si la perspective d’engager la responsabilité du gouvernement semble se rapprocher, les oppositions et les syndicats ont averti, son utilisation serait dangereuse : l’opposition brandit la menace d’une motion de censure commune.

Et le message semble être passé, a fait savoir le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

Nous ne voulons pas de 49-3. Nous souhaitons transformer notre majorité relative en majorité absolue sur le texte des retraites, et nous nous sommes donné les moyens de le faire.

Le porte-parole du gouvernement Olivier Veran explique que l'exécutif «ne veut pas de 49-3»

Le porte-parole du gouvernement français Olivier Veran après une réunion ministérielle, dimanche 12 mars 2023, pour préparer une semaine cruciale concernant la réforme des retraites.
Le porte-parole du gouvernement français Olivier Veran après une réunion ministérielle, dimanche 12 mars 2023, pour préparer une semaine cruciale concernant la réforme des retraites. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Des votes au Sénat et à l’Assemblée jeudi

Prochaine étape, la Commission mixte paritaire (CMP). Se réunissant mercredi, au même moment qu'une huitième journée de mobilisation contre le texte, sept députés et sept sénateurs devront se mettre d’accord. L’hypothèse la plus probable, étant donné les membres, serait une CMP « conclusive ».

Dans ce cas, l’épreuve d’après, ce sera un vote jeudi matin au Sénat, puis jeudi après-midi à l’Assemblée : c’est là que la Première ministre pourrait dégainer le 49-3.

Après dix recours en quelques semaines à cette arme constitutionnelle, Élisabeth Borne sait qu’elle joue gros si elle en fait usage.

Avec 250 sièges, le camp présidentiel doit encore trouver une quarantaine de voix pour constituer une majorité à l’Assemblée. Les regards sont donc tournés vers les députés Les Républicains et les récalcitrants au sein de la majorité, estimés entre trois et cinq.

Le scénario du 49-3 se rapproche donc de jour en jour et pour l’enclencher, le chef de l’État devrait convoquer un conseil des ministres jeudi matin pour autoriser la Première ministre à y avoir recours. 

À lire aussi : Le Conseil d'État avait émis des réserves sur la réforme des retraites