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Retraites en France: après l'adoption, la rue maintient la pression

La France fait face jeudi à une nouvelle journée de mobilisation nationale à l'appel de l'intersyndicale contre la réforme des retraites, dans un climat social qui s'est encore dégradé depuis l'adoption au Parlement du projet de loi via le recours controversé à l'article 49.3. Ces derniers soirs, de nombreux rassemblements non autorisés ainsi que des blocages ont eu lieu un peu partout en France, parfois calmes, souvent tendus.

Au lendemain d'une intervention élyséenne

Les Français sont appelés jeudi à une neuvième journée de mobilisation contre une réforme des retraites très impopulaire et adoptée au forceps, à l'aide de l'outil constitutionnel 49.3 et après le rejet à 9 voix d'une motion de censure transpartisane. Ulcérés par ce passage en force du gouvernement à l'Assemblée nationale, les opposants à la réforme sont appelés par les syndicats à descendre dans la rue et à faire grève, pour la neuvième fois depuis le 19 janvier. Sitôt après l'adoption de la loi, la Première ministre Elisabeth Borne d'un côté, les oppositions parlementaires du leur, ont saisi le Conseil constitutionnel. Les Sages devront se prononcer sur la conformité du texte vis-à-vis de la loi fondamentale de la Ve République, et ont le pouvoir de la valider ou la censurer, tout ou partie.

Hier midi, une allocution télévisée du président Emmanuel Macron a fait bondir l'opposition et les syndicats, après plusieurs semaines de tensions sociales croissantes. Le chef de l'État a martelé que cette réforme - projet phare de son second quinquennat - devait être appliquée « avant la fin de l'année », assumant son « impopularité ». « Cette réforme, ce n'est pas un plaisir, ce n'est pas un luxe, c'est une nécessité », a-t-il assuré, invoquant la défense de « l'intérêt général » face à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population.

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Emmanuel Macron a confirmé qu'il n'allait ni dissoudre l'Assemblée nationale, ni remanier le gouvernement, ni convoquer un référendum sur sa réforme décriée. Il ne s'est pas non plus ému des reproches sur son passage en force - l'exécutif a utilisé une disposition constitutionnelle, l'article 49.3, permettant l'adoption d'un texte sans vote - parce qu'il ne disposait pas d'une majorité à l'Assemblée pour voter le texte, exacerbant la colère populaire.

Emmanuel Macron a dit mercredi vouloir « réengager » un dialogue avec les partenaires sociaux sur le rapport au travail. Mais « il faut attendre quelques jours, quelques semaines », a-t-il observé.

Nombre d'analystes estiment que cette réforme et la contestation qu'elle a entraînée laisseront une trace indélébile sur le second quinquennat d'Emmanuel Macron.

La France est l'un des pays européens où l'âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables. Les opposants à cette réforme - une majorité de Français selon les sondages - des retraites la jugent « injuste », notamment pour les femmes et les salariés aux métiers pénibles.

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Neuvième jour de grève

Le cortège intersyndical doit s'élancer à partir de 14h à Paris. Depuis le 19 janvier, des centaines de milliers de Français ont manifesté à huit reprises pour dire leur refus de cette réforme, dont la mesure phare, le recul de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, cristallise la colère.

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Le pic de manifestants a été enregistré le 7 mars avec 1,3 million de personnes selon les autorités, c’est plus que le 31 janvier. Les syndicats avaient revendiqué eux 3,5 millions de personnes dans la rue dont 700 000 à Paris. 

Depuis le 16 mars, date du recours à l'article 49.3, la contestation en France donne des signes de radicalisation. Des échanges tendus opposent chaque soir manifestants et policiers, notamment à Paris. Près d'un millier de personnes ont été interpellées. 

Plusieurs actions de blocage contre la réforme, touchant dépôts pétroliers, ports, routes, transport aérien, le secteur gazier et des universités, se sont déroulées mercredi à travers le pays.

Carburants : Au niveau national, la situation se dégrade légèrement en ce qui concerne le carburant, avec environ 14% des stations-service en pénurie d'au moins un type de carburant contre 12% mardi, et 7,13% à sec, contre 6% mardi. Seule une raffinerie TotalEnergies sur quatre est en fonctionnement en France. À la raffinerie de Normandie, la plus grande de France et dont la production est à l'arrêt complet depuis lundi, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées mercredi soir à l'appel de la CGT pour s'opposer à des réquisitions de salariés grévistes décidées, selon le syndicat, par la préfecture. Les ports de Marseille-Fos (sud) et de Brest (ouest) étaient totalement bloqués mercredi. Le gouvernement « n'hésitera pas » à procéder à des réquisitions si des raffineries sont arrêtées par le personnel en grève pour protester contre la réforme des retraites, avait prévenu lundi le ministre des Transports Clément Beaune. « C'est une décision de dernier recours, mais comme nous l'avons fait précédemment, comme nous l'avons fait au mois d'octobre, si cela était nécessaire, nous n'hésiterions pas à le faire pour éviter un blocage économique et de la circulation dans notre pays. »

Rassemblement en cours devant la Raffinerie TotalEnergies de Gonfreville-l’Orcher à l’annonce de réquisitions décidées par la préfecture, indique la CGT de l’entreprise. pic.twitter.com/T31pwNjWXD

— France Bleu Normandie (Seine-Maritime, Eure) (@fbleuhnormandie) March 22, 2023

Transports : ce jeudi, la compagnie nationale ferroviaire SNCF n'est en mesure de faire rouler que la moitié de ses trains à grande vitesse et le tiers de ses trains express régionaux. Le trafic ferroviaire a été interrompu mercredi dans plusieurs gares du sud de la France après l'intrusion de manifestants sur les voies, comme à Toulouse, Montpellier ou encore Nîmes. Le trafic du métro parisien et des trains de banlieue est prévu « très perturbé ». La direction générale de l'Aviation civile (DGAC) demande pour jeudi aux compagnies aériennes d'annuler 30% de leurs vols à Paris-Orly et 20% dans d'autres aéroports.

Déchets : La grève des éboueurs parisiens engagée le 6 mars est reconduite jusqu'à lundi.

(Avec AFP)