Très discret, voire absent pendant le débat sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron a décidé de s'exprimer ce mercredi en répondant aux questions des présentateurs des journaux de 13h sur TF1 et France 2. La séquence parlementaire terminée, le texte adopté, le président veut essayer de reprendre la main alors que la contestation continue, notamment dans la rue. Emmanuel Macron joue gros.
C'est un peu quitte ou double pour Emmanuel Macron. Quitte, il réussit à calmer les esprits. Double, il irrite encore plus les contestataires, analyse Valérie Gas, du service politique. Mais il n'a pas le choix, après un débat enflammé au Parlement, un 49.3 qui ne passe pas, alors que tous les jours des Français manifestent parfois dans la violence, le président devait intervenir.
Il n'a d'ailleurs pas attendu après le vote sur les motions de censure pour annoncer quand et comment il allait s'exprimer. Une interview à la mi-journée sur le créneau des journaux que l'on regarde beaucoup en régions et pas au 20h, l'heure où les manifestants se rassemblent dans les villes.
Avant ce rendez-vous, Emmanuel Macron a mis en scène son retour dans l'arène en multipliant les consultations de son gouvernement, des chefs et des parlementaires de la majorité. Quelques échos de ces rencontres ont judicieusement filtré. De quoi savoir que pour le moment, le président n'envisage ni remaniement, ni dissolution, ni référendum. Alors comment reprendre la main dans une situation politique bloquée et éviter la paralysie ? C'est tout l'enjeu de son intervention : donner l'impression d'avancer, mais pas de céder.
Qu'attendent les députés du discours d'Emmanuel Macron ?
Parler et ne pas rester en retrait toutes les oppositions l'exigeaient d'Emmanuel Macron et même jusque dans le propre camp du président, où l'on souhaite des paroles d'apaisement. « Il faut qu’il prenne toute la mesure de la période que nous venons de traverser, qui témoigne d'une fatigue démocratique du pays et à laquelle il faut que nous apportions une réponse de grande ambition. Il faut qu'il nous dise où il veut emmener le pays », estime Gilles Le Gendre, député Renaissance, au micro de Charlotte Urien-Tomaka, du service politique.
Une prise de parole, mais a priori, aucune annonce de nature à calmer les oppositions. « Je n'attends rien de cette prise de parole, déclare Mathilde Panot, présidente du groupe la France insoumise à l'Assemblée nationale. Si ce n'est probablement, soit elle va rester complètement inflexible, soit même, il va remettre de l'huile sur le feu parce que c'est ce qu'ils ont l'air de vouloir faire. Quand vous avez un président qui, alors que nous étudions une motion de censure suite à un 49-3, vous explique qu'il veut poursuivre le cheminement démocratique du texte. Je ne vois pas comment ça s'appelle à part de la provocation. »
Même sous cloche du côté de l'extrême droite. « On n'attend rien puisqu'il a d'ores et déjà dit qu'il ne ferait rien, qu'il n'annoncerait rien, affirme Julien Odoul, député Rassemblement national. Donc, on va écouter et subir le nouveau bras d'honneur au peuple français malgré la crise politique, il n'y aura aucun changement, que tout va bien. On va dans le mur en klaxonnant. »
Emmanuel Macron aura bien du mal à convaincre une opposition sans concession qui compte bien poursuivre la contestation.
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