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Le Vatican condamne les dérives coloniales de l'Église

Le Vatican a publié, jeudi 30 mars, un document visant à prendre ses distances avec les dérives coloniales de l'Église catholique. Le Saint-Siège « rejette » les édits papaux du XVe siècle autorisant l'asservissement des peuples autochtones, essentiellement en Amérique.

Cette prise de position du Vatican fait référence aux campagnes de conversions forcées menées par l'Église catholique après l'arrivée des Européens sur le continent américain, dans la foulée de l'expédition de Christophe Colomb en 1492.

Le document a trouvé un écho particulier au Canada, où entre la fin du XIXe siècle et les années 1990, quelque 150 000 enfants autochtones ont été retirés à leur famille et enrôlés de force dans des pensionnats, souvent régis par l'Église catholique. Ces enfants avaient alors été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture. Le pape a depuis reconnu que ce drame des pensionnats s'assimilait à un génocide.

Ce rejet des édits papaux, « c'est immense », a réagi auprès de l'AFP la sénatrice autochtone canadienne Michèle Audette. « Pour beaucoup d'entre nous, ça fait des décennies qu'on le demande », a-t-elle ajouté. Déjà lors de la visite du pape François au Canada en juillet 2022, les associations autochtones lui avaient demandé d'abroger les « bulles » papales - documents officiels signés par le pape - à l'origine de la « doctrine de la découverte », qui autorisaient les puissances européennes à coloniser les terres et les peuples non chrétiens.

« Le dernier chapitre du temps des paroles »

Cette doctrine a encore été utilisée en 2005 aux États-Unis pour justifier la prise de territoires autochtones dans un jugement de la Cour Suprême. Cela « concerne l'ensemble des peuples indigènes du monde », a estimé Jean-François Roussel, professeur à l'Institut des études religieuses de l'Université de Montréal. « C'est probablement le dernier chapitre du temps des paroles. Maintenant, il faut que les actes suivent », a ajouté l'expert, évoquant la question des compensations financières, des projets de soutien ou de revitalisation culturelle déjà existants mais qui doivent être renforcés.

Dans la note publiée le jeudi 30 mars, le Vatican fait référence à trois « bulles » pontificales émises au XVe siècle par les papes Nicolas V et Alexandre VI. Le Saint-Siège considère qu'il s'agit de « documents politiques, instrumentalisés pour des actes immoraux », et estime qu'ils « n'ont jamais été considérés comme des expressions de la foi catholique ». Ils « n'ont pas reflété de manière adéquate l'égale dignité et les droits des peuples autochtones ». Ce document du Vatican reconnaît que « de nombreux chrétiens ont commis des actes malveillants à l'encontre des peuples indigènes, pour lesquels les papes récents ont demandé pardon à de nombreuses reprises ».

La Conférence des évêques catholiques du Canada s'est déclarée « reconnaissante » envers le Saint-Siège. Interrogé sur ce sujet douloureux dans l'avion à son retour du Canada, le pape argentin avait jugé « mauvaise » et « injuste » cette « doctrine de la colonisation ».

« Cette mentalité selon laquelle nous sommes supérieurs et les indigènes ne comptent pas est grave. Pour cela, nous devons travailler dans ce sens. Revenir en arrière et assainir tout ce qui a été mal fait, mais en ayant conscience qu'aujourd'hui aussi, il existe le même colonialisme », avait ajouté le Pape François.

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(Avec AFP)