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Le tabac: histoire d'un produit populaire devenu un problème de santé publique

Découvert par Christophe Colomb et introduit en Europe au XVIe siècle, le tabac, plante originaire d'Amérique centrale, a d'abord connu un engouement sur le Vieux Continent. Son usage s'est ensuite propagé rapidement à travers le monde, malgré des vertus médicinales contestables. On dénombre aujourd'hui 1,3 milliard de fumeurs au niveau mondial, et son usage est responsable de la mort de 8 millions de personnes par an, dont 1,2 million de fumeurs passifs. Retour sur l'histoire du tabac et de sa consommation, devenu un problème de santé publique.

Le tabac ─ ou le tabac cultivé (Nicotiana tabacum L.) - est une plante originaire d’Amérique centrale qui aurait été utilisée par les populations locales dès l’an mille avant Jésus-Christ. Elle doit son nom scientifique à Jean Nicot, l’ambassadeur de France au Portugal qui, au XVIe siècle, rapporte de la poudre de tabac à la reine Catherine de Médicis pour soigner les migraines de son fils François II. Les historiens n’ont aucune certitude si les traitements ont un effet positif, mais le tabac connait une popularité hors normes en France et la plante est surnommée « l’Herbe-à-la reine ».

Une expansion mondiale

Cette popularité du tabac, le monde la doit à Christophe Colomb. Dès la découverte de l’Amérique en 1492, il remarque que les Indiens « fument une plante sous la forme d’un tube de feuilles roulées », selon son journal de bord. La plante, qui aurait des vertus médicinales, traverse l’Atlantique en direction de l’Europe : en 1556, le géographe français André Thevet la ramène dans ses bagages pour la cultiver dans son jardin à Angoulême. Au cours du XVIe siècle, l’usage du tabac se répand rapidement en Italie, en Angleterre, au Portugal, en Allemagne, de la cour royale à Vienne jusqu’en Turquie, puis vers l’Asie et finalement, en Afrique. À la fin du siècle, le tabac est cultivé et utilisé quasiment dans le monde entier.  

Mais au XVIIe siècle, ses bienfaits thérapeutiques sont contestés, notamment par le roi d’Angleterre Jacques 1er. Dans le même esprit, le Pape Urbain VIII interdit son utilisation en 1642 sous peine d’excommunication, dénonçant « les humeurs dégoutantes que le tabac provoque ». En Russie, le Tsar Michel Fedorovitch tient les fumeurs pour responsable du grand incendie qui a touché Moscou en 1650. Il interdit l’usage et le commerce de la plante sous peine d’être condamné à des coups de fouet, à la déportation en Sibérie ou encore à se faire trancher les lèvres.

Pendant la même période au Japon, les fumeurs sont condamnés à l’esclavage, en Chine à la décapitation et en Perse à l’ablation du nez.

Le profit avant tout

Malgré les interdictions, la popularité du tabac est grandissante et les pouvoirs se rendent compte que les droits d’importation peuvent générer un important profit pour les caisses de l’État. En Angleterre, le roi Jacques 1er augmente radicalement les taxes : c’est la première mise en place d’une taxation du tabac qui est devenue ─ et reste encore aujourd’hui - une source inépuisable de profits.

En France, Richelieu crée à son tour l’impôt sur le tabac en 1629. Quelques années plus tard, il en interdit la vente libre. En 1681, Colbert, le ministre des Finances de Louis XIV, instaure le monopole d’État concernant la vente et la production. Il faut attendre la Révolution française de 1789 pour que ce monopole soit aboli. Mais il est rétabli en 1810 par Napoléon 1er, en raison de sa profitabilité. Ce monopole d’État va évoluer au cours du XXe siècle, notamment pour s’adapter à l’ouverture à la concurrence induite par le marché commun européen à partir de 1967. La dangerosité avérée du tabac entraîne la restriction progressive de la promotion de son usage et la vente est contrôlée par l’État via le réseau des buralistes.

Le tabagisme – un fléau planétaire

Il faut attendre le XIXe siècle pour que commence l'analyse des composants chimiques de la plante et que soient établis ses effets sur la santé. Louis Nicolas Vauquelin, professeur de chimie à l’École de médecine à Paris, découvre que le tabac contient un alcaloïde très toxique : la nicotine. Il remarque aussi que les récolteurs de feuilles de tabac sont parfois intoxiqués, car la nicotine passe à travers la peau.

La cigarette est inventée dans la première moitié du XIXe siècle et représente le moyen rapide et efficace pour consommer du tabac. Les fabricants s’en frottent les mains, car les coûts de fabrication et le prix de vente promettent encore plus de profits. C’est le début du tabagisme. Assez rapidement, en France, l’Association française contre l’abus du tabac est créée en 1868. Le Comité national contre le tabagisme sera connu d’utilité publique, un siècle plus tard, en 1977. 

En 1944, lorsque les soldats américains débarquent en Normandie, ils font connaitre aux Français et aux Européens la cigarette blonde. C’est le tournant dans l’histoire du tabagisme : les marques américaines deviennent omniprésentes partout en Europe. Qui plus est, la cigarette blonde devient populaire partout : les hommes, les femmes, de toutes les classes sociales la consomment.

En 1950, la cigarette avec filtre est inventée. Mais parallèlement, les études sur la toxicité et les méfaits sur la santé se multiplient.

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En 2022, les recettes fiscales issues de la vente du tabac et des cigarettes ont assuré 17 milliards d’euros de revenus à l’État français. Les cigarettes sont également une cause de pollution de l’environnement : rien qu'en France, 20 000 à 25 000 tonnes de mégots se retrouvent dans la nature chaque année.

Il n’y a plus aucun doute sur les effets du tabac sur la santé humaine : toujours en 2022, il est la cause de 75 000 décès en France (Santé publique France) et de 8 millions de morts à travers le monde, dont environ 1,2 million de fumeurs passifs involontairement exposés à la fumée de cigarette (OMS).

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