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Le pape François, dix ans de pontificat en dix dates clés

Cela fait dix ans ce lundi 13 mars que le cardinal Jorge Mario Bergoglio est devenu le pape François. L’occasion de revenir sur dix dates clés qui ont marqué le pontificat du premier pape non-européen de l’histoire.

Lorsqu’il est élu pape par ses paires le 13 mars 2013, Jorge Mario Bergoglio a 76 ans. Alors cardinal depuis 2001, il est loin d’être un inconnu, mais son élection est une surprise. D’après plusieurs sources, Jorge Mario Bergoglio avait toutefois été finaliste du conclave de 2005 face au cardinal Ratzinger qui deviendra alors Benoît XVI, mais selon plusieurs témoins, il se serait lui-même montré surpris de son élection.

Les observateurs avisés du Vatican avaient fait du cardinal italien Angelo Scola leur favori et personne ne s’attendait à voir Bergoglio monter sur le trône de Saint-Pierre. Selon les rumeurs qui circulent au Vatican, le futur pape François aurait fait pencher la balance en sa faveur lors d’une courte prise de parole pendant une réunion des cardinaux avant leur entrée en conclave où il aurait défendu la nécessité de profondément réformer l’Église. Dès sa première adresse à la foule de la place Saint-Pierre, il avait montré sa conception de la papauté en demandant aux fidèles de prier pour lui.

François qui souhaite une Église résolument tournée vers les plus pauvres, choisit pour son premier déplacement en tant que pape un endroit symbolique. Il se rend sur l’île italienne de Lampedusa qui voit affluer chaque semaine des centaines de migrants.

Sur place, François avait fustigé « la mondialisation de l’indifférence » face au drame migratoire qui se joue en Méditerranée. Ce premier voyage marquera l’engagement du nouveau pape dans la défense des migrants et des réfugiés. Par la suite, il se rendra deux fois sur l’île de Lesbos en Grèce en 2016 et 2021 d’où il ramènera avec lui trois familles ayant fui la Syrie.

Le Pape François s'adresse à des migrants, lors de sa visite à Lampedusa, le 8 juillet 2013.
Le Pape François s'adresse à des migrants, lors de sa visite à Lampedusa, le 8 juillet 2013. AFP PHOTO / ANDREAS SOLARO

Dans l’avion qui le ramène de sa visite à Rio de Janeiro, François est questionné par un journaliste sur l’existence d’un « lobby gay » dans l’Église. La réponse du pape va marquer une nette rupture avec ses prédécesseurs sur la question de l’homosexualité. « Si une personne est gay et qu’elle cherche le seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger », a-t-il lancé.

Beaucoup plus conciliant que ses prédécesseurs sur ce sujet, le nouveau pape dévie de la tradition catholique associant l’homosexualité à un pêché. « Le catéchisme de l'Église catholique dit très bien qu'on ne doit pas marginaliser ces personnes, qui doivent être intégrées dans la société », avait ajouté le souverain pontife.

Le pape François en conférence de presse, dans l'avion qui le ramenait des JMJ de Rio, lundi 29 juillet.
Le pape François en conférence de presse, dans l'avion qui le ramenait des JMJ de Rio, lundi 29 juillet. REUTERS/Luca Zennaro/Pool

Dans la salle Clémentine au Vatican, le pape François prononce un discours qui va faire date dans son pontificat. Devant les membres de la Curie, le gouvernement du Vatican, réunis pour les vœux annuels du souverain pontife, François va se lancer dans une violente charge contre les prélats en énumérant les « quinze maladies » dont le gouvernement de l’Église « doit s’empresser de guérir ». Le pape y dénonce par exemple la mondanité, l’hyperactivité, les rivalités, les bavardages, les calomnies et la zizanie qui pervertiraient les hauts responsables du Vatican.

►À lire aussi : Curie romaine: pourquoi la réforme du pape François est une révolution

Ce discours marque la volonté profonde de François de réformer la Curie, lui qui s’insurge contre le train de vie de nombreux ecclésiastiques. La démarche sera très moyennement appréciée par les prélats les plus conservateurs qui y voient pour certains une déclaration de guerre contre le gouvernement du Vatican.

Avec cette encyclique, François est le premier pape à faire de l’écologie l’un des piliers de son pontificat. Il s’agit du premier document du genre à être intégralement consacré à la sauvegarde de notre planète, et cela, à quelques mois du début de la COP21 de Paris qui marquera la signature d’un accord historique pour la réduction des gaz à effet de serre.  

Avec ce texte, François affirme son ambition de bousculer les consciences face à l’urgence climatique qui va devenir l’un des thèmes récurrents de son pontificat. Il réunira par ailleurs en octobre 2019 ses évêques et ses cardinaux pour un synode sur l’Amazonie qui préconisera alors de définir comme « péché écologique » tous les « actes et [...] habitudes de pollution et de destruction de l'harmonie de l'environnement ». Le texte stipule que la destruction de la forêt constitue un « péché contre Dieu, contre son prochain, la communauté et l'environnement » ainsi que « contre les générations futures ».

Pour la première fois depuis près de 1 000 ans, un pape et un patriarche orthodoxe se rencontrent. C’est lors d’un déplacement à Cuba qu’a lieu ce tête-à-tête à la suite duquel les deux hommes ont, dans une déclaration commune, regretté « les blessures causées par des conflits d’un passé lointain ou récent » entre chrétiens, scellant ainsi un rapprochement historique.

Après cet entretien sans précédent depuis le schisme de 1054 entre les deux Églises, François s’était réjoui en déclarant : « L’unité est sur le bon chemin. Nous avons échangé avec clarté et sans tabous ». La relation entre les deux hommes a ensuite été mise à mal par la guerre en Ukraine. Malgré la proximité du patriarche Kirill avec Vladimir Poutine, François s’était entretenu avec lui sur la situation en Ukraine en lui rappelant que « la guerre n’est jamais une solution ».

Le pape François et le patriarche Kirill à La Havanne le 12 février 2016.
Le pape François et le patriarche Kirill à La Havanne le 12 février 2016. AP - Gregorio Borgia

En se rendant à Abou Dhabi, François entre dans l’histoire en devenant le premier pape à fouler la péninsule arabique, berceau de l’islam. Ce voyage sera notamment marqué par la volonté du souverain pontife de promouvoir le dialogue interreligieux. Lors de cette visite, il s’est entretenu avec de hauts dignitaires musulmans, bouddhistes, juifs et hindous, ainsi qu'avec le prince héritier Mohammed ben Zayed al-Nahyane.

Point culminant de cette visite, François y a tenu une messe exceptionnelle en plein air, rassemblant 180 000 personnes dans ce pays musulman où aucune célébration chrétienne ne peut avoir normalement lieu en public.

Le pape François à son arrivée au stade Zayed Sports City d'Abou Dhabi pour célébrer une grande messe historique, le 5 février 2019.
Le pape François à son arrivée au stade Zayed Sports City d'Abou Dhabi pour célébrer une grande messe historique, le 5 février 2019. Vatican Media/­Handout via REUTERS

Le pontificat de François a été marqué par les révélations de scandales pédophiles un peu partout sur la planète. Le 21 février 2019, il réunit à Rome des évêques du monde entier pour réfléchir sur la réponse à apporter aux crimes sexuels commis sur des enfants dans l’Église.

En 2021, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique (Ciase), aussi appelée Commission Sauvé, remettra à François un rapport sans concession pointant près de 216 000 victimes depuis 70 ans. Si le pape s’est exprimé à de nombreuses reprises pour condamner fermement la pédophilie dans l’Église, beaucoup de victimes estiment cependant toujours que le Vatican ne va pas assez loin pour empêcher ces abus sexuels.

Pour la première fois de l’histoire, un pape meurt sous le pontificat d’un autre pape. Benoît XVI qui avait renoncé à ses fonctions en 2013 en démissionnant, décède à l’âge de 95 ans. Son enterrement constituera également une première dans l’histoire du catholicisme puisque c’est le pape François qui a présidé ses funérailles le 5 janvier 2023.

Lors de son voyage en RDC, le pape François s’est mué en véritable défenseur de l’Afrique lors de ce voyage dans le plus grand pays catholique du continent. Le souverain pontife y a notamment appelé à la paix dans l’est de la RDC mais il a aussi fustigé les dégâts causés par la colonisation.

« Retirez vos mains de la République démocratique du Congo, retirez vos mains de l'Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. Que l’Afrique soit protagoniste de son destin ! », avait lancé le pape François. près d'un million de personnes ont assisté ensuite à sa messe publique qui se déroulait à l'aéroport de Kinshasa.

Le pape François aux côtés du président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi lors de sa première prise de parole au Palais de la Nation à Kinshasa, le 31 janvier 2023.
Le pape François aux côtés du président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi lors de sa première prise de parole au Palais de la Nation à Kinshasa, le 31 janvier 2023. AFP - TIZIANA FABI