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Jordanie: chez les réfugiés syriens de Zaatari, douze ans déjà et une génération d'exilés

Le conflit en Syrie entre dans sa 12e année. Depuis 2011, la guerre a fait fuir plus de la moitié de la population syrienne, notamment dans les pays limitrophes comme le Liban, la Turquie et la Jordanie. Le royaume hachémite a accueilli plus d'un million de Syriens. À Zaatari, le plus grand camp de réfugiés syriens au monde abrite 80 000 personnes, dont la moitié sont des enfants.

Avec notre envoyée spéciale au camp de Zaatari, Sophie Guignon

À seulement une dizaine de kilomètres de la frontière avec la Syrie, en plein cœur du désert jordanien, 80 000 réfugiés vivent à Zaatari, une immense ville de tôles.

Petites boutiques de vêtements, vendeurs de falafels ou supermarchés, sa principale artère commerçante a été baptisée « les Champs-Élysées ».

Ici, le temporaire est devenu permanent pour Fathiyé, exilée depuis dix ans.

J'aimerais rentrer en Syrie. Chacun doit pouvoir vivre dans son pays. Mais où est-ce que je pourrais revenir ? Ma maison a été détruite. Et comment je pourrais y vivre ? Mon fils a été tué pendant la guerre. Et il n'y a pas de sécurité là-bas.

La majorité des habitants du camp sont originaires de Deraa, dans le sud de la Syrie, berceau de la contestation au régime de Bachar el-Assad en 2011.

Sofian el Hariri, 23 ans, est arrivé adolescent à Zaatari. Dans la fleur de l'âge, il refuse de prendre le risque de rentrer à Deraa.

Ça fait dix ans qu'on se dit qu'on va revenir et qu'on est toujours là. Moi, si je ne devais pas faire mon service militaire, je serais rentré. Même si la situation en Syrie n'est pas meilleure qu'ici, je serais revenu. Mais si j'y retourne, ils vont m'arrêter à la frontière et me forcer à rejoindre l'armée.

Reportage: à Zaatari, l'impossible retour des réfugiés en Syrie

Sophie Guignon

Au camp de Zaatari, la moitié des réfugiés syriens sont des enfants (octobre 2022).
Au camp de Zaatari, la moitié des réfugiés syriens sont des enfants (octobre 2022). AFP - KHALIL MAZRAAWI

Une courte vie passée en exil

Adolescent, Mahmoud Sleiman ne se souvient pas de son pays. Réfugié au camp depuis dix ans, il a grandi sous un toit en tôle avec ses parents et ses cinq frères et sœurs.

Si la sécurité revient en Syrie, notre maison est toujours debout. On a gardé les clés de la maison.

Comme lui, 20 000 enfants en exil sont répartis dans les 32 écoles du camp, où ils suivent le programme d'éducation jordanien. De l'hymne national avant d'entrer en classe jusqu'aux cours d'arabe, d'anglais et de mathématiques.

Abdelaziz Elishraah, le professeur de mathématiques, se veut encourageant.

Quand vous devez fuir votre pays, bien sûr que ça vous affecte. Mais je n'ai pas le sentiment qu'il y a une différence de niveau entre eux et les écoles en dehors du camp. Ils bénéficient du même programme.

Certains auront tout à fait les capacités d'aller à l'université. Mais d'après les Nations unies, seul 3% des jeunes Syriens réfugiés en Jordanie ont accès à cette dernière, et de nombreux métiers qualifiés leur sont interdits.

Ces deux dizaines de milliers d'enfants nés à Zaatari depuis le début de la guerre constituent désormais une nouvelle génération de Syriens avec, pour seul horizon, l'exil.

Quand on est arrivé, il n’y avait pas d’écoles. Au bout d’un an ou deux, la situation s’est améliorée, des écoles ont été installées dans des préfabriqués.

Reportage: au camp de Zaatari, une nouvelle génération d'exilé syriens

Sophie Guignon