Texte par : Siavosh Ghazi
3 mn
En Iran, le chef de la Justice a affirmé que plus de 22 000 personnes arrêtées lors des récentes manifestations ont été graciées et que 25 000 prisonniers anciennement condamnés ont également été libérés. Une façon pour le régime de montrer qu'il a repris le contrôle de la situation alors que des peines de morts continuent d'être prononcées contre les meneurs de la contestation.
Avec notre correspondant à Téhéran,
Ces libérations nombreuses interviennent dans le cadre d'une large amnistie annoncée par le guide suprême iranien, à l'occasion du 43e anniversaire de la victoire de la révolution islamique, le 11 février dernier. Au total, plus de 80 000 personnes ont bénéficié de ces mesures d’amnistie.
Selon le chef de la Justice, plus de 47 000 personnes ont été libérées et plus de 35 000 ont vu leur peine de prison être réduite. C’est la première fois depuis la victoire de la révolution islamique qu’il y a une telle mesure d’amnistie. Et toujours selon le chef de la Justice, d’autres personnes pourraient également être libérées prochainement.
► À lire aussi: Iran: une amnistie de prisonniers peut-elle faire taire la contestation?
Situation sous contrôle
Avec ces amnisties, le pouvoir iranien veut montrer qu'il n'est pas menacé et qu'il a repris le contrôle de la situation. Téhéran veut aussi montrer qu’il ne compte pas seulement sur la répression. De fait, depuis maintenant deux mois, il n’y a plus de manifestations à travers le pays, à l’exception de la ville de Zahedan où des fidèles sunnites manifestent chaque vendredi après la prière collective.
Le guide suprême a toutefois précisé que ces mesures d'amnistie ne concernent pas ceux qui ont commis des meurtres, attaqué avec des armes les membres des forces de l’ordre ou attaqué et incendié les bâtiments officiels sont exclus de ces mesures d’amnisties. En réalité, on ne sait pas combien de personnes ont été arrêtés depuis le début du mouvement de protestation après la mort de Mahsa Amini arrêtées par la police des mœurs.
Amnistie pour les manifestants, peines de mort pour les meneurs
Dans le même temps, plusieurs personnes ont été condamnées à mort ces derniers jours pour avoir participé à des actions armées contre les forces de l’ordre. Le pouvoir joue donc sur les deux tableaux. Amnistie pour les simples manifestants mais des peines de mort ou de prison très lourdes pour les meneurs.
Enfin, on assiste à un très net relâchement du port du voile pour les femmes. Dans la rue, les cafés ou les centres commerciaux, de nombreuses femmes et jeunes filles ne portent pas le voile ni de foulard sur la tête. Visiblement, le pouvoir a décidé de relâcher la pression sur les femmes pour calmer la situation. Des uniformes ont été imposés dans les pharmacies pour les employées où un hôtel à a été fermé à Kachan, une ville historique où les femmes ne respectaient pas le port du voile.
► À lire aussi: Iran: des femmes racontent leur détermination à poursuivre la lutte malgré la répression
Poursuivez votre lecture sur les mêmes thèmes :