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Greenpeace accuse la France d'être «sous emprise» russe sur le dossier nucléaire

Greenpeace a affirmé samedi 11 mars que la filière nucléaire française était « sous emprise » de la Russie, via des importations d'uranium naturel en provenance du Kazakhstan et d'Ouzbékistan, soit plus de 40% de l'approvisionnement de la France, outre de l'uranium enrichi.

Le gouvernement français a réfuté cette argumentation, assurant que « notre pays ne dépend en aucune manière de la Russie pour le fonctionnement de son parc électronucléaire » et « a su diversifier ses sources d'approvisionnement ». En 2022, année de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, « près de la moitié de l'uranium naturel importé en France provenait du Kazakhstan et d'Ouzbékistan ». Soit, 43% exactement, a souligné Greenpeace dans un rapport publié deux jours avant le début de l'examen par l'Assemblée nationale d'un projet de loi visant à accélérer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.

Or, selon l'ONG, « la quasi-totalité de l'uranium naturel en provenance du Kazakhstan, et une partie considérable de celui venant d'Ouzbékistan, passent entre les mains (du monopole russe du nucléaire civil, NDLR) Rosatom qui contrôle le transport de toutes les matières nucléaires transitant sur le sol russe », via des convois ferroviaires jusqu'au port de Saint-Pétersbourg, puis des cargos jusqu'en France. Des routes du nucléaire évitant le territoire russe « ne représentent aujourd'hui pas de véritables alternatives », ajoute le rapport. Le texte de 99 pages s'appuie sur des données publiques : douanes, publications d'entreprises, d'organisations publiques, d'ONG, de groupes de réflexion et de médias.

L'uranium naturel, extrait des mines, doit être enrichi pour être utilisé comme combustible dans les centrales nucléaires. La France dispose d'une usine dédiée au Tricastin, dans la Drôme, gérée par Orano. Greenpeace avait déjà qualifié de « scandaleuse » la poursuite du commerce nucléaire avec la Russie, secteur qui n'est pas visé par des sanctions internationales, contrairement aux hydrocarbures.

« La France devrait cesser le commerce d’uranium avec Rosatom »

« En 2022, les importations d’uranium enrichi russes ont quasiment triplé pour atteindre un tiers de la quantité nécessaire au fonctionnement de nos centrales nucléaires pour un an en France. L’uranium que nous achetons du Kazakhstan et d’Ouzbékistan transite majoritairement par la Russie, donc passe entre les mains de Rosatom qui contrôle le transport de matières nucléaires sur son sol », précise Pauline Boyer, chargée de campagne nucléaire à Greenpeace.

« Toujours en 2022, l'intégralité des exportations françaises d'uranium de retraitement (URT) ont été envoyées en Russie, et l'intégralité des importations d'uranium ré-enrichi (URE) en France provenaient de Russie », toujours selon Greenpeace.

« La France est totalement dépendante de la Russie concernant la réutilisation de son uranium de retraitement. Nous trouvons scandaleux que ce commerce continue alors que le gouvernement français soutient ouvertement le peuple ukrainien et devrait aujourd’hui cesser le commerce d’uranium avec Rosatom », poursuit Pauline Boyer.

La France ne s'approvisionne pas en Russie, selon le ministère de la Transition

Mais selon le cabinet de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, la France « ne se fournit pas en Russie pour son approvisionnement en uranium naturel ou la préparation du combustible, comme cela est sous-entendu à tort par Greenpeace. C'est une différence qu'a notre pays avec certains de ses voisins européens ».

« S'agissant des sanctions contre la Russie, la position française sur ce sujet est constante : les sanctions doivent avoir un impact sur l'économie du pays visé. Des sanctions sur la filière nucléaire généreraient un impact modeste sur la Russie », toujours selon le cabinet de la ministre.

« À l'inverse, la résiliation des derniers contrats subsistants qui portent sur le retraitement de combustibles générerait des indemnités plus avantageuses pour la Russie que leur poursuite a minima », a plaidé le cabinet. De son côté, EDF a dit « maximise(r) la diversification de ses sources géographiques et de ses fournisseurs » en combustible nucléaire : « nous ne sommes dépendants d'aucun site, d'aucune société et d'aucun pays ».

EDF, qui oppose le « caractère confidentiel » du détail de ses approvisionnements, « applique strictement toutes les sanctions internationales et/ou les restrictions liées à la non-obtention d'autorisations administratives requises, tout en respectant les engagements contractuels pris », a ajouté la société. Celle-ci a souligné n'avoir « acheté aucun uranium naturel extrait de mines russes, ni de services de conversion de l'uranium naturel en Russie en 2022 », ni « augmenté sa part d'enrichissement de son uranium naturel non russe réalisé en Russie en 2022 par rapport à 2021 ».