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France: sept ans de prison requis contre Saad Lamjarred

Le ministère public a requis sept ans de prison et cinq ans d'interdiction du territoire français à l'encontre du chanteur marocain qui est jugé depuis lundi devant la cour d'assises de Paris. Pour l'avocat général, tout comme pour ceux de Laura P., il n'y a aucun doute : Saad Lamjarred a bien violé cette jeune Française de 27 ans, en octobre 2016. Au cours de leurs plaidoiries, les avocats de la star se sont efforcés de démontrer l'inverse par tous les moyens.

L'avocat général Jean-Christophe Muller n'a pas cru un mot de la version livrée par Saad Lamjarred. Mercredi, au troisième jour de son procès, le chanteur, connu dans tout le monde arabe, avait raconté qu'alors qu'ils s'embrassaient et se déshabillaient, Laura P. l'avait soudainement griffé dans le dos. Il avait alors eu « un mauvais réflexe » et avait « repoussé brutalement son visage ». Rien de plus. Ni viol, ni pénétration d'aucune sorte, avait-il juré.

Mais pour le représentant du ministère public, cette histoire ne tient pas et il liste les preuves : les blessures que présentait la jeune femme sur tout le corps et sur l'hymen. Celles du chanteur : des lésions sur l'épaule, le cou et le tronc, mais pas de trace de griffure. Il y a aussi les témoignages des employés de l'hôtel qui ont vu Laura P. sortir de la chambre de la star en courant, « terrorisée » et en pleurs. Et puis, Saad Lamjarred avait bu et consommé de la cocaïne, pas Laura P. L'avocat général insiste enfin sur « l'asymétrie de la relation » : « une jeune femme de 20 ans en devenir » face à « un homme de 31 ans déjà installé dans l'existence ».

Plus tôt dans l'après-midi, ce jeudi, les conseils de Laura P. avaient souligné les « trois versions différentes » de la soirée données par Saad Lamjarred, « un menteur » et un « récidiviste » selon eux, alors que leur cliente, elle, n'a jamais varié dans ses déclarations. « Si M. Lamjarred n'a rien fait, pourquoi supplie-t-il Laura de ne pas appeler la police ? », a insisté Me Jean-Marc Descoubès.

Pas un prédateur sexuel

Depuis les faits, Saad Lamjarred a entamé volontairement un suivi psychologique et psychiatrique, relève Jean-Christophe Muller à la fin de son réquisitoire. Il ne boit plus et ne se drogue plus. Et surtout, même s'il est impliqué dans d'autres affaires de viol similaires, « ce n'est pas un prédateur sexuel » selon les experts qui l'ont examiné, pointe le représentant du ministère public. C'est pourquoi, alors qu'il risquait vingt ans de prison, l'avocat général en réclame sept, accompagnés de cinq ans d'interdiction du territoire français. Sur le banc, des parties civiles, abattue, l'air épuisé, Laura P. semble ne pas y croire. Sa mère l'enlace. Saad Lamjarred reste impassible.

C'est ensuite au tour de ses avocats de plaider. Ce qui s'est passé dans cette chambre, c'est « une scène à huis clos » sans « aucun témoin (...) Les dénégations de mon client valent autant que les accusations de Laura P. », commence Me Thierry Herzog qui estime que le dossier est vide. L'examen gynécologique a révélé trois petites lésions de l'hymen qui « peuvent être rapportés à un rapport sexuel récent, sans en être spécifique », peut-on lire dans le rapport médical. Cela pourrait tout aussi bien être la conséquence de sécheresse vaginale, avance l'avocat. Les traces d'ADN de Saad Lamjarred retrouvées sur la culotte de Laura P. ? Un simple transfert quand elle l'a baissée après que le chanteur lui a touché les cuisses. Enfin, autre élément mis en avant par la défense : l'absence de sang sur la serviette avec laquelle la jeune femme qui saignait dans la bouche, s'est essuyée.

Certes, Saad Lamjarred n'aurait jamais dû s'en prendre à elle quand elle l'a griffée, reconnaît Me Jean-Marc Fedida, l'autre avocat de la star. Mais Laura P. n'aurait jamais dû accepter de monter dans sa chambre. « Elle a assisté à l’alcoolisation mondaine de Saad Lamjarred. Elle l'a vu se mettre de la cocaïne plein le pif. Et sans problème, elle va au Marriott ! » tonne l'avocat. « Elle savait ! » s'emporte-t-il, qu'il voulait coucher avec elle. « C'était aveuglant même pour une nonne dans un couvent ! » Si elle a changé d'avis et a finalement refusé d'avoir une relation sexuelle, « c'était son droit », concède-t-il.

« Est-ce qu'elle ne l'aurait pas un peu cherché ? »

Les avocats de Saad Lamjarred ont consacré une bonne partie de leurs plaidoiries à la vie de Laura P., quelqu'un qui « connaît le monde de la nuit, en maîtrise les codes et sait se mettre en scène dans des positions avantageuses sur les réseaux sociaux où elle échange avec des inconnus », persifle Me Fedida. Dans la matinée, ils avaient fait projeter 250 photos tirées de son compte Instagram : Laura P. qui fait la fête, Laura P. avec son chien, Laura P. en sous-vêtements ou en maillot de bain, Laura P. en vacances... Comme pour dire « est-ce qu'elle ne l'aurait pas un peu cherché ? », s'énerve l'avocat général dans son réquisitoire. Il tient à préciser : « Laura P. est une jeune femme de 27 ans qui vit dans la France de 2023 ». « Et alors ? » avait également réagi l'un des conseils de la jeune femme dans sa plaidoirie. « Elle a le droit de vivre ! Ou parce qu'elle a été violée, elle devrait vivre cachée ? »

Ce vendredi, Saad Lamjarred aura la parole une dernière fois avant que la cour ne se retire. Le verdict est attendu dans la journée.