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France: manifestants et syndicat dénoncent une hausse des violences policières

Depuis le passage de la réforme des retraites, jeudi 16 mars 2023, les manifestations spontanées ont lieu chaque jour à Paris et dans toute la France. Si au début cela se passait sans violences, les témoignages d'interpellations abusives se multiplient.

Lundi 20 mars, le secrétaire général du syndicat CGT Philippe Martinez dénonçait une augmentation de la répression des manifestants qui n'était pas justifiée. Depuis, les témoignages se multiplient. Plusieurs personnes racontent avoir reçu des coups de matraque. À l'heure des vidéos qui se relayent facilement sur les réseaux sociaux, on peut voir des images, et notamment celle d'un manifestant recevant un coup au visage particulièrement violent de la part d'un policier.

Le matin du mercredi 22 mars sur France info, le préfet de police Laurent Nuñez se justifiait.

« Ce que disent mes fonctionnaires, c’est qu’ils ont interpellé un individu qui, avec un pavé, dégradait ce kiosque. Tout cela est vérifiable et je le vérifierai. Ensuite, évidemment, l’individu a été interpellé et plusieurs individus se sont opposés à cette interpellation de manière violente. Donc, ils ont été repoussés et c’est dans le cadre de cette manœuvre que ce coup a été donné. Encore une fois, je déterminerai évidemment s’il était adapté ou pas et je prendrai toutes les mesures nécessaires. J’ai demandé une enquête administrative évidemment dès que j’ai eu connaissance de ces vidéos et comme toutes les autres que nous avons vues ».

Laurent Nunez a par ailleurs précisé qu'il y avait eu 755 interpellations à Paris depuis jeudi dernier et que les pompiers ont dû intervenir à 85 reprises. Mais le préfet de paris assure qu'il n'y a pas d'interpellations massives.

Ce n'est pas l'avis des magistrats

Le parquet de Paris a indiqué que sur les trois premières journées de manifestation spontanées, 425 personnes avaient été arrêtées. Seules 52 d'entre elles avaient fait l'objet de poursuites à l'issue de la procédure. Cela signifie que les policiers embarquent beaucoup de gens, y compris des personnes qui ne font que se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.

Mercredi 22 mars, dans un communiqué, le Syndicat de la magistrature condamnait : « cette politique de répression du mouvement social et toutes les violences policières illégales qui seraient survenues au cours des derniers jours ». Le SM appelle « à ce qu’elles ne demeurent pas sans suite, sans attendre de nouveaux drames ». Les magistrats qui précisent que liberté d’expression et de manifestation est un droit essentiel de la démocratie.

Par ailleurs, Reporters sans frontières (RSF) constate que plusieurs journalistes clairement identifiés ont été agressés par les forces de l'ordre alors qu'ils couvraient des manifestations contre la réforme des retraites.

►À lire aussi : Retraites: les syndicats appellent à rester mobilisés, des rassemblements partout en France

La défenseuse des droits préoccupée

Là aussi, ce sont les conséquences de ces interpellations préventives qui inquiètent. La défenseuse des droits Claire Hédon rappelle les règles de déontologie dans le maintien de l'ordre. Par ailleurs, trois députés insoumis ont écrit au ministère de l'Intérieur pour demander le démantèlement de la BRAV-M, la brigade de répression des actions violentes motorisée. C'est un policier de cette brigade qui est en cause dans le coup de poing précédemment cité.

Ce maintien de l'ordre agressif, c'est ce qui est également dénoncé par les manifestants. Les policiers multiplient les nasses, autrement dit l'encerclement des manifestants en bloquant les rues. En principe, c'est illégal si tout se passe bien. C'est ce qu'indique clairement une décision du conseil d'État. Les forces de l'ordre doivent toujours laisser aux gens une possibilité de se déplacer et de sortir de la nasse. Or, des journalistes de RFI sur le terrain ont constaté que ce n'était pas le cas, y compris lors de manifestations complètement calme. Le contexte ne le justifiait donc pas.

De leur côté, des policiers cités par Mediapart disent leur malaise. Ils obéissent aux ordres et expliquent que le ministre de l'Intérieur veut en priorité sécuriser Paris. Mais certains pensent être à la veille d'une insurrection et ils sont plusieurs à redouter un drame. Autrement dit, la mort d'un manifestant.

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