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Faillite de Silicon Valley Bank: les autorités tentent de rassurer les marchés malgré la panique

Alors que les marchés financiers ont tangué fortement lundi 13 mars après l’effondrement de la banque californienne Silicon Valley Bank (SVB), le président américain Joe Biden et les responsables européens ont tenté de ramener le secteur au calme. Ils ont voulu assurer qu’il n’y aurait pas de contagion dans le secteur bancaire mondial, alors que les conséquences peuvent aller jusqu’à la tech chinoise.

Le président américain Joe Biden a fait une allocution télévisée tôt lundi matin pour dissiper les inquiétudes face au risque de contagion, signe que la Maison Blanche prend très au sérieux la faillite de cette banque californienne spécialisée dans l’industrie de la Tech, rapporte notre correspondant à Miami, David Thomson.

Les Américains peuvent « avoir confiance » en un système bancaire « solide », a assuré le président américain. « Nous ne nous arrêterons pas là » : depuis la Maison Blanche, il a cherché à alimenter la ressource la plus précieuse qui soit sur les marchés : la confiance, seul rempart contre une contagion à grande échelle des ennuis de la SVB. Le chef de l’État a assuré qu'il ferait « tout ce qui est nécessaire ».

Les autorités américaines ont mis sous tutelle vendredi 10 mars cet établissement proche des milieux technologiques. Il a été mis aux enchères avec l'objectif de trouver un repreneur au plus vite. Elles sont également intervenues en toute hâte face à la faillite de deux plus petits établissements, Signature Bank et Silvergate Bank, connue pour ses liens privilégiés avec le milieu des cryptomonnaies.

Dimanche, les autorités américaines ont annoncé qu'elles allaient garantir le retrait de l'intégralité des dépôts de SVB et permettre l'accès à tous les dépôts de Signature Bank. La Réserve fédérale (Fed, banque centrale américaine) s'est engagée à prêter les fonds nécessaires à d'autres banques qui en auraient besoin pour honorer les demandes de retraits de leurs clients.

Joe Biden a aussi fait savoir qu'il demanderait au Congrès de légiférer pour « renforcer » la régulation bancaire, durcie après la débâcle de Lehman Brothers en 2008. Car cette législation a été ensuite allégée par son prédécesseur Donald Trump. Il a promis que les contribuables américains ne seraient pas mis à contribution, mais les investisseurs et actionnaires ne seront eux pas « protégés » face aux pertes essuyées. Les autorités veulent à tout prix éviter une panique sur les marchés lundi et des retraits en masse des clients des banques, un « bank run » aux effets potentiellement dévastateurs.

Le président américain Joe Biden a pris la parole lundi très tôt pour rassurer après la faillite de la SVB

David Thomson

« Pas de contagion directe » en Europe, selon Bruxelles

De l'autre côté de l'Atlantique, les responsables politiques européens s'efforcent également de rassurer quant au risque de contagion à l'ensemble du secteur bancaire. « Il n'y a pas de contagion directe et la possibilité d'un impact indirect est quelque chose que nous devons surveiller, mais pour le moment, nous ne voyons pas de risque significatif », a ainsi déclaré à Bruxelles le commissaire européen à l'Économie Paolo Gentiloni, avant une réunion des ministres des Finances de la zone euro.

Un porte-parole de la Banque de France a affirmé à l'AFP que les banques françaises n’était « pas exposées » à SVB.

[A LA UNE A 18H] Les banques françaises "ne sont pas exposées" à la banque américaine en faillite Silicon Valley Bank (SVB), a affirmé à l'#AFP une porte-parole de la Banque de France 1/5 pic.twitter.com/8giebEX6iw

— Agence France-Presse (@afpfr) March 13, 2023

Plus tôt dans la journée, le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire est sorti du calme pour écarter tout risque de contagion : « Calmez-vous, calmez-vous, et regardez la réalité ! », a-t-il lancé aux investisseurs, estimant que « la réalité, c'est que le système bancaire français n'est pas exposé à la SVB. Il n'y a pas de liens entre les différentes situations » aux États-Unis et en Europe.

En Allemagne, le superviseur bancaire Bafin a assuré lundi que la faillite de SVB ne constituait « pas une menace pour la stabilité financière » du pays.

Du côté du Royaume-Uni, le gouvernement a annoncé que la branche britannique de SVB avait été vendue au géant bancaire britannique HSBC, pour une livre symbolique. « Les clients de SVB UK pourront accéder à leurs dépôts et leurs services bancaires normalement à partir d'aujourd'hui », assure le Trésor britannique.

Marchés ballotés

Ces annonces n'ont toutefois pas empêché Wall Street d'ouvrir en baisse lundi matin, avant de se reprendre dans la matinée. Les cours de plusieurs banques régionales s'effondrent. La californienne First Republic a chuté de 60,49% en fin de matinée, perdant plus des trois quarts de sa capitalisation boursière depuis mercredi.

Les places européennes restaient nettement dans le rouge, mais se reprenaient après avoir perdu plus de 3% en début d'après-midi : Paris et Francfort reculaient de 2,35% et de 2,50%. Londres cédait 1,82% et Milan 3,56%, les plus fortes baisses depuis l'été dernier. Et les valeurs bancaires encaissaient de fortes baisses.

Le marché de la dette, perçu comme des placements refuges en cas de crise, connaissait aussi une séance agitée : certains titres d'États, notamment la dette à court terme des États-Unis, affichaient des baisses historiques. Le pétrole accusait également le coup, avec des chutes plus 4%.

Les investisseurs demeurent fébriles et les cours volatils, malgré les efforts pour rassurer des autorités américaines, afin d'éviter la contagion après la faillite de trois banques américaines.

Peur dans le secteur de la Tech jusqu’en Chine

Le secteur en Chine est également inquiet, car la banque californienne y était populaire dans les biotechnologies. Pour éviter la panique, le partenaire chinois de SVB pourrait reprendre sa participation dans la filiale en Chine de la banque.

Les investisseurs chinois ont multiplié les communiqués rassurants lundi concernant leurs risques d’expositions au prêteur américain, rapporte notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde.

BeiGene, l’une des plus grandes sociétés pharmaceutiques chinoises spécialisées dans les cancers, affirme ainsi disposer de plus 175 millions de dollars de dépôts d’espèces non assurés chez SVB : 3,9 % de sa trésorerie et de ses investissements à court termes, mais « la société ne s’attend pas à ce que le développement récent avec SVB aient un impact significatif sur son fonctionnement », rapporte CNN.

Même chose chez Zai Lab, cet autre développeur de traitement contre les tumeurs qui a des bureaux à Shanghai et San Francisco et 23 millions de dollars de dépôts « immatériels » chez SVB, ne devrait pas être « impacté » dans son fonctionnement selon sa direction.

Le ton a visiblement changé par rapport à vendredi matin, quand les décideurs se sont réveillés en Chine en panique : pendant la nuit chinoise de jeudi, 42 milliards de dollars avaient quitté les coffres de la banque démantelée. Entre temps, le plan de sauvetage proposé par l’administration américaine dimanche a permis d’apaiser les marchés.

La filiale de la banque américaine en Chine pourrait être reprise par son partenaire chinois, la Shanghai Pudong developement Bank, note le South China Morning Post. Sachant que la chute de la SVB laisse de nombreuses start-ups chinoises dans l’impasse question financement, selon le Financial Times, qui rappelle que l’institution en faillite servait en effet de pont pour les groupes opérant entre la Chine et les États-Unis.

Les souvenirs de 2008 dans les esprits

La débâcle de SVB illustre les perturbations de tout le système bancaire américain face au resserrement monétaire de la Fed. Les relèvements de taux d'intérêt aux États-Unis ont incité des clients à placer leur argent dans des produits financiers mieux rémunérés que les comptes courants, tarissant une source cruciale pour le secteur des nouvelles technologies, gourmand en cash.

Les mésaventures récentes de la SVB rappellent les 13 et 14 septembre 2008. Les autorités américaines avaient échoué à trouver un repreneur pour Lehman Brothers et refusé d'intervenir, poussant la banque au dépôt de bilan, avec des conséquences dramatiques pour le secteur financier et l'économie mondiale toute entière.

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