Le Nigeria a voté hier, samedi 25 février, globalement dans le calme malgré quelques incidents et retards. Les électeurs étaient appelés à choisir leur nouveau président parmi 18 candidats, ainsi que des députés et des sénateurs. Par endroits, le vote se poursuit ce dimanche.
Le Nigéria a voté hier samedi, un défi logistique pour le géant ouest-africain avec le plus gros corps électoral du continent (93,4 millions officiellement inscrits), et plus de 170 000 bureaux de vote à ouvrir sur l’ensemble du territoire. Le vote, dans de nombreux endroits comme à Lagos ou Kano, a pris beaucoup de retard, car le matériel n'était pas arrivé ou ne fonctionnait pas. C’est la première fois que le Nigeria a utilisé un système de vote biométrique par reconnaissance faciale, censé empêcher la fraude, mais qui n'avait pas été testé en amont, explique Ikemesit Effiong, directeur de recherche au sein du cabinet de conseil SBM Intelligence à Lagos, au micro de Christina Okello.
« La plupart des électeurs ont découvert le nouveau système le jour de l'élection. Je crois que c'est ça qui a contribué à la confusion. Lors des scrutins précédents, on devait scanner notre carte électorale. En 2019, il y a eu beaucoup de problèmes techniques, et le vote a dû être reporté au lendemain. Dans certains cas, on a même voté le lundi, deux jours après l'élection. Je crois que le vote sera prolongé encore cette fois-ci...
Un autre problème soulevé, c'est le fait que les symboles et les logos de tous les partis politiques n'étaient pas inscrits sur certains bulletins de vote, pourtant c'est exigé par la loi électorale nigériane.
Il y a des inquiétudes quant à la possibilité que les votes effectués sur ces bulletins fassent l'objet d'une contestation juridique et soient éventuellement invalidés. Il y a donc eu toute une série de problèmes logistiques et techniques qui ont entaché ce qui a été globalement un exercice électoral pacifique. »
Malgré un climat relativement serein, il y a eu des violences sporadiques à Lagos – notamment dans le quartier de Surulere, où des urnes ont été ouvertes et les bulletins jetés dans le caniveau. Des coups de feu ont été tirés en l'air pour disperser les électeurs, rapporte notre correspondante Liza Fabbian.
Beaucoup de retard constaté aussi dans certains bureaux à Kano
À Kano, la deuxième ville du pays, la grande métropole du Nord, des retards logistiques ont aussi été constatés, selon notre envoyée spéciale, Amélie Tulet. Partout où nous sommes allés, les opérations de vote ont démarré avec du retard, parfois beaucoup de retard. Ainsi, dans un bureau de vote, à l’école Magwan, quand les urnes sont arrivées devant nous, il était 15 heures passées. Les agents de la commission électorale se sont fait copieusement tancer par les électeurs dont certains attendaient depuis six heures du matin et n’avaient pas l’intention de partir sans avoir voté.
C’est d’ailleurs une des images de la journée d’hier à retenir pour nous à Kano. Si la participation a semblé plus faible qu’en 2015, à Kano -nous verrons si les chiffres le confirment- les habitants qui se sont déplacés pour aller voter étaient déterminés. « Je me suis levée très tôt parce que je veux un président qui s’occupe des femmes, de la jeunesse, de l’éducation et de la santé » nous a dit une électrice qui était première dans la file d’attente à Kwanar Diso Gwalé, un quartier populaire et très densément peuplé. « Je veux voter pour un Nigeria meilleur, je ne partirai pas sans avoir voté » nous a dit un autre.
Dans les différents bureaux de vote, nous avons vus les électeurs prendre leur mal à patience, insister pour trouver leurs noms, insister pour comprendre pourquoi tel acronyme de parti n’était pas lisible, insister ensuite pour voir le décompte des bulletins. C’était, pour le Nigéria, la première présidentielle depuis 2003 sans que le nom du Nordiste Muhammadu Buhari, le président sortant, apparaisse parmi les candidats. Muhammadu Buhari à qui Kano a toujours apporté son soutien lors des cinq précédentes élections.
Le dépouillement et la collecte des résultats sont un autre défi... à tel point que de nombreux électeurs inquiets sont restés à veiller pour surveiller le travail des assesseurs, hier soir.