Quelques semaines après la faillite de la Silicon Valley Bank et l’effondrement du Credit Suisse, l’un des piliers du système bancaire helvétique, plusieurs banquiers centraux tirent les premiers enseignements de cette crise bancaire.
Le premier d’entre eux est le vice-président de la Fed, la Réserve fédérale américaine, chargée de la régulation bancaire. « Cette faillite est un cas d'école de mauvaise gestion. » C’est ce qu’expliquait Michael Barr, ce mardi 28 mars 2023, devant la Commission bancaire du Sénat américain.
La banque californienne n’a, en effet, pas diversifié ses placements. Elle a investi massivement les dépôts de ses clients dans des placements sûrs, des obligations américaines à long terme. Mais quand la Banque centrale américaine a commencé à changer de politique monétaire et à relever ses taux directeurs, ces placements n’ont plus été rentables financièrement, ce qui a poussé les clients de la SVB, à vouloir retirer leur argent.
Le risque de hausse des taux
La grande erreur de la banque californienne a été d’oublier de se couvrir contre le risque de hausse des taux. La faillite de la SVB n’a donc rien de comparable avec la crise financière de 2008. Il ne s’agit pas d’un problème d’actifs toxiques, comme avec la crise des subprimes.
Devant la Commission bancaire du Sénat, Michael Barr, le vice-président de la Fed a rappelé que « la faillite de la SVB montre la nécessité de rendre le système bancaire plus résilient ». Avant d’ajouter qu’il est essentiel pour renforcer la solidité des banques de « finaliser les règles bancaires internationales de Bâle III », un ensemble de réformes lancé en 2009 suite à la crise des subprimes.
Dans le cadre de Bâle III, de nombreuses mesures ont été prises, mais certaines réformes doivent encore être finalisées, notamment aux États-Unis.
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Des banques sous pression
Les craintes pèsent également de l’autre côté de l’Atlantique. Quelques jours après SVB, c'est la banque européenne Crédit Suisse qui s’est effondrée, avant d'être reprise par sa compatriote UBS. Et depuis quelques jours, c’est au tour de la banque allemande, la Deutsche Bank, d’être dans la tourmente.
En Angleterre, un autre banquier s’est exprimé devant une commission du Parlement. Il s’agit d’Andrew Bailey, le gouverneur de la Banque centrale d’Angleterre qui a notamment œuvré pour assurer le rachat pour une livre par HSBC de SVB UK, la filiale britannique de la banque californienne.
Pour Andrew Bailey, « le secteur financier britannique n'est pas en danger. Mais la Banque d'Angleterre doit rester aux aguets alors que les investisseurs testent les banques sur le marché ». Même constat pour le président de la Fédération bancaire française, Philippe Brassac, qui a assuré que la notion de crise bancaire en Europe était « irrationnelle », rappelant que « les banques européennes étaient solides ». Des banques solides, mais qui restent sous pression, particulièrement en bourse.
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