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Au premier jour de son procès, la «sage-femme de l'EI» Douha Mounib se présente en repentie

Elle encourt trente ans de prison. Depuis ce lundi 27 février, et durant trois jours, Douha Mounib est jugée devant la cour d'assises spéciale de Paris pour association de malfaiteurs terroriste. Cette Nîmoise de 32 ans est accusée d'avoir rejoint à deux reprises l'État islamique, en Irak et Syrie, entre 2013 et 2017, et d'avoir aidé à accoucher des femmes sur place. À la barre, la trentenaire assume ses responsabilités et ses engagements de l'époque, mais se présente aujourd'hui comme repentie.

Compte rendu d'audience, Laura Martel

Sans ambages et d'une voix calme, Douha Mounib reconnaît « globalement », dit-elle, ce qu'on lui reproche. Et elle raconte : sa radicalisation via Internet, l'abandon de ses études de sage-femme pour rejoindre le groupe État islamique en Irak et en Syrie à 23 ans.

Une manière de « s'émanciper » d'un huis clos familial toxique, analyse-t-elle aujourd'hui.

Elle admet un premier séjour fin 2013 avec son premier mari, vite écourté à cause des bombardements et d'une grossesse difficile. Puis ses nombreuses tentatives pour y retourner via le Maroc, la Mauritanie, la Macédoine.

C'est finalement à l'été 2015, avec son second mari, qu'elle arrive à ses fins. Sur place, durant quinze mois, elle accouche une douzaine de femmes.

À l'époque, elle écrit : « C'est l'homme qui combat, mais c'est la femme qui éduque les futurs moudjahidines. » Et fait l'éloge de la mort en martyr. « Mais ça fait partie de mon passé, soutient-elle à la barre. J'essaie d'avancer. »

« Je réalise que j'ai fait tout ça, mais ça me paraît énorme pour mes épaules. » Les accouchements, assure-t-elle, relevaient de l'aide bénévole.

Pour l'accusation, cependant, ces tentatives multiples montrent sa détermination et son rôle « hautement symbolique » de mise au monde des futurs « lionceaux du califat », sa participation au « projet civilisationnel de l'EI ».

« Le point névralgique de ce procès, c'est la valeur qu'on donne à votre parole », résume Me Hazan qui, comme sa cliente, fait le pari de la franchise affichée.

Le parquet, lui, n'est pas convaincu. Parmi ses arguments : la tentative d'évasion de Douha Mouhib, fin 2021, pour laquelle elle sera jugée plus tard.

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