Buenos Aires au bord du défaut de paiement ? Oui, selon les critères de l'agence de notation Fitch, qui a abaissé vendredi la notation de la dette en dollars de l'Argentine à C, un cran au-dessus du défaut. L'agence justifie cette dégradation par la décision du gouvernement d'imposer aux organismes publics de convertir en pesos leur dette en dollars. Mesure elle-même destinée à renforcer les maigres réserves de la Banque centrale du pays.
Avec notre correspondant à Buenos Aires, Théo Conscience
La pénurie de devises étrangères est un problème chronique en Argentine, mais il a été exacerbé ces derniers mois par la sécheresse historique qui a frappé le pays et durement affecté ses récoltes.
Selon le directeur des études de la Bourse de commerce de Rosario, Julio Calzada, la production totale de blé, de maïs et de soja devrait chuter de 38% par rapport à l'an passé.
« Pour l'Argentine, cela implique des pertes à hauteur de 20 à 21 milliards de dollars. Cela représente environ 3% du PIB argentin tel qu'il est évalué par le Fonds monétaire international, donc la situation est vraiment critique », explique-t-il.
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3% du PIB, et des conséquences drastiques sur les ventes à l'international de grains et dérivés, qui représentaient en 2022 près de la moitié des exportations argentines.
« La baisse des exportations est estimée entre 15 et 16 milliards de dollars. Donc, les pertes sont vraiment significatives au vu de l'état des réserves de devises étrangères, qui est déjà critique et qui pourrait encore se détériorer », précise M. Calzada.
La conversion en pesos de la dette en dollars des organismes publics doit permettre de dégager l'équivalent de 4 milliards de dollars, qui viendront selon le gouvernement renforcer la capacité d'action de l'État sur les marchés financiers afin de contenir la dévaluation de la monnaie nationale.
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